Par

Maxime T’sjoen

Publié le

16 juil. 2025 à 19h55

Au pays des belles mécaniques, le camion atelier de l’équipe Décathlon-AG2R est un palais où sont entreposés des vélos qui feraient pâlir n’importe quel biclou. C’est aussi ici que l’on se rend compte que nos machines d’amateurs devraient être un peu mieux entretenues.

Il faut dire aussi que l’équipe savoyarde dispose de quatre mécaniciens pour bichonner les vélos des pros. Chaque jour, le ballet est le même pour cette équipe dans l’équipe.

Mais ce mardi 15 juillet 2025, c’est journée de repos sur le Tour de France, quand nous rencontrons Laurent Denonfoux, mécanicien depuis quatre ans pour Décathlon-AG2R. « On en profite pour faire le gros du travail », décrit l’ancien coureur de haut niveau, qui s’est activé dès le matin.

« On fait un gros check-up »

Le gros du travail, c’est-à-dire ? « L’idée, c’est de nettoyer tous les vélos de rechange et sur les vélos de course, on fait le traitement des boîtiers de pédalier, les freins, changement de guidoline, changement de chaîne. On fait un gros check-up », détaille Laurent Denonfoux.

Après l’entraînement, c’est juste un petit nettoyage pour repartir sur une bonne base pour la deuxième semaine.

Laurent Denonfoux
Mécanicien de l’équipe Décathlon-AG2R

Vidéos : en ce moment sur Actu

Cette remise à zéro peut tout de même impliquer d’importantes modifications. « J’ai fait deux changements de direction, c’est quand même de grosses interventions », nous rapporte Laurent Denonfoux.

La journée de repos est cruciale pour les mécaniciens, car le matin et le soir des étapes, « c’est vraiment de l’entretien classique ».

Les coureurs, ici Felix Gall, de retour de leur entraînement apportent les vélos directement aux mécanos.
Les coureurs, comme ici Felix Gall de retour de l’entraînement, apportent directement leurs vélos aux mécaniciens (©M.T’s / actu.fr)Une danse quotidienne

Avant une étape, la chorégraphie des mécaniciens se met en place dès l’hôtel. Les vélos de rechange, après une vérification de la pression des pneus et des batteries du dérailleur, sont mis sur les galeries des voitures.

On fait le moins de choses possibles le matin. Le gonflage, en revanche, on doit le faire au dernier moment.

Laurent Denonfoux
Mécanicien de l’équipe Décathlon-AG2R

Laurent Denonfoux est mécanicien de l'équipe depuis Quatre ans.
Laurent Denonfoux est mécanicien de l’équipe depuis quatre ans. (©M.T’s / actu.fr)

Et ce n’est pas fini une fois le transfert effectué au départ. Les mécaniciens sortent les vélos Van Rysel, vérifient la pression une nouvelle fois.

Ils sont deux à partir en course : un dans la voiture d’avant-course (pour les échappées ou les distancés) et un dans la voiture derrière le peloton. Les deux derniers des quatre mécaniciens s’occupent d’amener le camion à l’hôtel, où le gros du boulot sera fait.

« On peut tout changer »

Chaque soir, « les vélos sont intégralement nettoyés avec un lavage haute pression ». La transmission est dégraissée « car elle peut s’encrasser pendant une étape ». « On vérifie les freins et l’état des pneus », énumère encore Laurent Denonfoux.

Bichonné, le mot est faible quand on parle de l’entretien de ces vélos.

En revanche, il y a les éventuelles chutes et là, c’est déjà arrivé de changer trois ou quatre cadres le soir. Donc là, on se couche à deux ou trois heures du matin.

Laurent Denonfoux
Mécanicien Décathlon-AG2R

Chaque vélo est inspecté et nettoyé.
Chaque vélo est inspecté et nettoyé. (©M.T’s / actu.fr)

Avec des pièces par centaine, « on peut tout changer », nous explique Laurent Denonfoux. Le camion est une mine d’or pour n’importe quel amoureux de mécanique.

Il y a quoi dans le camion atelier ?

Dans le camion, il y a quatre vélos par coureur, 10 à 15 cadres de rechange, 100 paires de roues. On compte 40 paires de plaquettes, une cinquantaine de chaînes et on a cinq groupes de transmission complets. Il y a aussi une soixantaine de pneumatiques.

« On est à la pointe de l’innovation »

Le contact avec les coureurs est plus distant qu’à une certaine époque. La faute à la recherche permanente du moindre gain de vitesse.

On a des ingénieurs performance qui décident des choix mécaniques pour la course. Avant, c’était un petit SMS du coureur pour savoir ce qu’il voulait. Maintenant, le coureur fait confiance aux ingénieurs et se concentre sur la performance. Et ils nous font confiance pour le matériel utilisé. 

Laurent Denonfoux
Mécanicien Décathlon-AG2R

Néanmoins, les évolutions de ces dernières années (freins à disque, pneus tubeless) permettent aux mécaniciens de continuer à apprendre, évoluer. « C’est moins monotone », se réjouit le mécanicien.

On est à la pointe de l’innovation, il y a des choses qui ne sont pas destinées au grand public et que nous, on teste et ça, c’est vraiment intéressant.

Laurent Denonfoux
Mécanicien Décathlon-AG2R

Aux petits soins

S’il a « la chance de faire ce métier », Laurent Denonfoux part en course « la moitié de l’année », en fonction du calendrier. Six mois loin de chez lui, qu’il vit plutôt bien.

Et le mécanicien s’occupe des machines, cela ne l’empêche pas – comme le cuisinier, le nutritionniste et tous les membres du staff – d’être aux petits soins des coureurs.

Alors quand Bastien Tronchon, coureur Décathlon AG2R, entre dans le camion pour trouver de quoi nettoyer ses chaussures, le mécanicien n’hésite pas : « Laisse-les. Vu qu’on le fait bien, il nous le fait faire. »

« Tu es un amour », lance le coureur à Laurent, en lui promettant une tournée. Après le Tour, évidemment.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.