Publié par Soizick David, le 16 Juillet 2025 à 17:55
L’exposition « Bretonnes et autres silhouettes » est présentée jusqu’au 28 septembre à la Galerie des Franciscains.
Charles Fréger dresse une cartographie de la Bretagne à travers ses coiffes historiques © SaintNazaireNews.fr
Jusqu’au 28 septembre 2025, la cinquième édition du festival Cargo, les Photographiques de Saint-Nazaire, revient braquer son objectif sur la photographie contemporaine. À travers un parcours dans toute la ville, mêlant espaces naturels et lieux culturels, 6 artistes invités explorent cette année la thématique “À l’Ouest” dans toutes ses significations possibles : Jesper Boot, Maia Flore, Albane Gellé, Anne Rearick, Ben Zank et Charles Fréger. Explorateur visuel des figures collectives et de leurs héritages culturels, ce dernier met en scène plusieurs de ses séries au sein de la Galerie des Franciscains, dans une exploration singulière de la figure humaine.
Portraits de femmes
L’exposition Bretonnes et autres silhouettes de Charles Fréger offre une immersion saisissante dans l’univers d’un photographe qui, depuis plus de deux décennies, scrute les figures en s’attachant au costume, à la posture, ou encore aux rituels. Charles Fréger donne à voir des identités multiples à travers des corps mis en scène avec précision. L’exposition associe un ensemble de portraits issus de la série Bretonnes (2011–2014) à des œuvres plus récentes autour de la silhouette comme forme iconique. Elle propose ainsi une généalogie visuelle de son œuvre, à la croisée du documentaire, de l’imaginaire et de l’histoire des représentations.
Les coiffes qui décoiffent
La série Bretonnes, pièce maîtresse du parcours, déploie une cartographie minutieuse des coiffes traditionnelles de la Bretagne historique. Chaque portrait, soigneusement mis en scène dans un paysage choisi, révèle l’alliance subtile entre figuration individuelle et ancrage territorial. Ces jeunes femmes, parées de dentelle et de coton amidonné, apparaissent à la fois comme gardiennes d’un patrimoine vivant et actrices d’un théâtre photographique. À travers ce dispositif constant, un cadre planté dans la nature, Fréger crée une atmosphère cotonneuse, suspendue, où le portrait devient presque pictural, entre scène de genre et icône régionale.
Les coiffes bretonnes habitent la galerie des Franciscains à Saint-Nazaire jusqu’au 28 septembre © SaintNazaireNews.fr
La fascination des symboles
Au-delà de cette série, l’exposition s’inscrit dans une œuvre bien plus vaste. Depuis 1999, Charles Fréger photographie les communautés humaines : soldats, majorettes, lutteurs, lycéens… autant de micro-sociétés dont il explore les uniformes, les postures, les symboles. Porté par une ambition quasi encyclopédique, son travail interroge ce qui fonde l’appartenance et l’identité collective. Longtemps rassemblée sous le titre Portraits photographiques et uniformes, cette œuvre s’est enrichie de vidéos et de performances, évoluant vers une théâtralité plus assumée où le costume devient un outil de métamorphose.
© SaintNazaireNews.fr
Silhouettes en ombres chinoises
Cette évolution trouve un prolongement dans sa série sur les silhouettes, amorcée après Bretonnes. Ici, le sujet se dépouille progressivement de ses couleurs, réduit à ses seuls contours, devenant signe plutôt que corps. À travers des figures comme Jeanne d’Arc, l’Hirondelle basque ou l’Alsacienne, Fréger ne photographie plus les personnes, mais leurs représentations dans l’imaginaire collectif. Nourri d’érudition iconographique et de culture visuelle populaire, son travail interroge les constructions historiques du regard, entre mémoire et mise en scène, tradition et abstraction.
La série Silhouettes de Charles Fréger suggère des figues abstraites et familères à la fois © SaintNazaireNews.fr
Festival Cargo, les photographiques de Saint-Nazaire • Jusqu’au 28 septembre 2025 • Partout dans la ville et à la Galerie des Franciscains, 25 rue du Croisic à Saint-Nazaire • Programme détaillé de l’exposition sur saintnazaire.fr.