Selon lui, le drone « est un outil extrêmement efficace pour orienter les patrouilles au sol ». De plus, « à la différence des caméras de vidéoprotection, dont certaines viennent à nouveau d’être dégradées à proximité d’un point de deal, le drone ne peut pas être détruit par les trafiquants ».

Un usage de plus en plus important

Depuis une décennie, l’usage du drone s’est multiplié dans l’armée, l’agriculture, les spectacles, les secours… Mais ce n’est qu’en 2023 que le décret définissant son utilisation pour des missions de police a été publié. « Le drone, pour la lutte contre le trafic de stups, c’est un peu une nouveauté opérationnelle. Ça pourrait devenir un outil indispensable, comme ça l’est pour les missions de secours et de sécurité civile », note Benoît Fayet, consultant en sécurité chez Sopra Steria.

Ainsi, la Brigade des moyens aériens (BMA) de Rennes, composée de cinq télépilotes, a été créée en juin 2023, selon une porte-parole de la police rennaise. « Bruno Retailleau a publié des circulaires pour que chaque préfet définisse des plans départementaux de prévention de la délinquance. Il a été demandé que les préfets s’appuient sur les drones pour la sécurisation et la prévention et notamment pour les trafics de stups », souligne M. Fayet.

Utilisation extrêmement encadrée

Côté syndicat de police, on voit son utilisation d’un bon œil. « On se demande comment on faisait avant quand on ne les avait pas. Ça s’est mis en place un petit peu tardivement parce qu’on s’est heurté à des problématiques administratives pour les autorisations de voler », relève Frédéric Gallet, délégué départemental d’Ille-et-Vilaine du syndicat policier Alliance. Pour Yoann Leandri, secrétaire régional adjoint zone ouest Unsa Police, « on doit aussi évoluer avec les drones vu les moyens utilisés désormais par les narcotrafiquants ».

« Les drones permettent de visionner pas mal de choses d’en haut et c’est un excellent appui pour les policiers au sol. Mais leur utilisation est extrêmement encadrée », ajoute le syndicaliste.

En effet, depuis avril 2023, une réglementation encadre l’utilisation d’images de drones par les forces de l’ordre à des fins de sécurité publique. Il ne s’agit « pas de collecter des preuves ou d’enquêter comme en procédure judiciaire », de même qu’il est interdit de « recourir à de la reconnaissance faciale », selon le ministère de l’Intérieur. La Cnil souligne que « les drones sont des dispositifs discrets par nature, dont la position en hauteur permet de filmer des lieux difficiles d’accès », qui « présentent des risques spécifiques pour la protection de la vie privée ».

Ainsi, l’autorisation préfectorale doit déterminer « l’objectif poursuivi et fixer la zone géographique strictement nécessaire », tandis que les images sont conservées pour une durée de sept jours, avertit la Cnil. En avril, la Ligue des droits de l’homme (LDH) de Rennes avait attaqué des arrêtés préfectoraux, critiquant leur « utilisation généralisée » sur « une partie considérable » de la capitale bretonne. Le tribunal administratif avait rejeté la demande.

Dans un discours au Sénat en mai, François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, avait fait part de l’intérêt « de recourir à des drones » pour les polices municipales, dans un souhait d’élargissement de leurs prérogatives.