C’est assez rare pour ne pas être souligné. Les trois présidents des trois plus importants salons agricoles français (Jérôme Despey, patrons du salon international de l’agriculture, Jacques Chazalet, son homologue du sommet de l’élevage et Didier Lucas, le nouveau président du Space de Rennes) ont fait paraître un communiqué conjoint où ils fustigent « les propos méprisants et injurieux » tenus par la députée écologiste Sandrine Rousseau à l’égard des agriculteurs le 11 juillet, lors d’un entretien consacré à la loi Duplomb et la réintroduction de l’acétamipride, un néonicotinoïde controversé, sur Le média.
En cause, une phrase prononcée par l’élue écologiste lors de cette interview. « Je n’en ai rien à péter de leur rentabilité (…) Je pense que ce n’est pas le sujet. La rentabilité de l’agriculture par des produits chimiques au détriment des sols, de la biodiversité et de notre santé, ce n’est pas de la rentabilité en fait, c’est de l’argent sale ».
« Anathème inutile »
« Madame Sandrine Rousseau a jugé bon de faire une sortie médiatique pour dire qu’elle se foutait de la rentabilité des exploitations agricoles, écrivent les trois présidents des trois salons agricoles. Au-delà de l’injure faite à tous les éleveurs, céréaliers, producteurs de fruits et légumes, viticulteurs, ostréiculteurs, trufficulteurs etc, la diatribe est plus grave car elle oscille entre le déni, la moquerie, la méconnaissance et le mépris. Le monde agricole a des valeurs, Mme Rousseau n’en a plus. Le monde agricole respecte le travail, Mme Rousseau non. Le monde agricole nourrit ses concitoyens en produits de qualité, Mme Rousseau les nourrit en haine recuite et anathèmes inutiles. »
Je remets ici l’extrait complet sur la rentabilité des agriculteurs. Je vous sais plus intelligent·es.
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau.bsky.social) July 16, 2025 at 9:46 AM
« Recul majeur pour la santé »
Cette sortie a passablement irrité Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, et agité une partie du monde politique. À l’instar d’Hélène Laporte, la vice-présidente du Rassemblement national, qui qualifie d’« incroyable » « cette haine de ceux qui nourrissent les Français » et de son collègue du même groupe Julien Odoul.
Depuis, la députée a publié une « nécessaire mise au point » sur ses réseaux sociaux. « Ce que j’ai dénoncé par ces propos, ce n’est évidemment pas la question du revenu des agriculteurs, dont je défends pleinement la garantie, mais un modèle agro-industriel à bout de souffle, qui impose une rentabilité maximale à la production agricole au détriment des agriculteurs eux-mêmes. (…) Une agriculture » rentable « qui détruit les sols, les animaux, le vivant et les humains, ce n’est pas un progrès, c’est une impasse. »
Après l’adoption de la loi Duplomb, de nombreuses sociétés médicales (Ligue contre le cancer, Société française de pédiatrie, Société française de neurologie, Société française du cancer…) avaient dénoncé un recul majeur pour la santé, regrettant, que « les intérêts économiques priment sur la santé publique », mais aussi sur l’expertise scientifique.