Quels souvenirs gardez-vous de vos émissions avec Thierry Ardisson ?

« “Le Bar de la plage”, à l’été 1992, c’était extraordinaire. Je jouais le rôle d’un barman dandy un peu désabusé et on avait une conversation tous les deux avant l’arrivée de chaque invité. J’écrivais des dialogues dans la journée et on tournait la nuit à la Voile Rouge, près de Saint-Tropez.

L’image était tellement belle que beaucoup pensaient qu’on était devant un fond vert en studio à Paris. On avait reçu Richard Anthony, Charles Aznavour, François Deguelt… L’émission avec Aznavour était importante pour moi parce que c’était un ami. On l’avait tournée en journée parce qu’il ne voulait pas se coucher tard. J’ai aussi beaucoup aimé l’émission avec Michel Delpech. »

« Ce qui m’a marqué, c’est comment il m’a engagé sur la confiance »

Dans « Double Jeu », vous aviez un rôle différent…

« J’apparaissais dans un cadre de tableau : Thierry Ardisson posait une question aux invités et je devais dire si c’était une info ou une intox. On enregistrait les émissions aux Folies Bergère. Au total, on a dû faire une quarantaine d’émissions ensemble. »

Comment vous avait-il repéré ?

« J’avais fait le “Narcisso Show” ( M6 ) en 1990 et il aimait cette parodie d’animateur de télé : je prenais un peu de Jean-Pierre Foucault, un peu de Michel Drucker et un peu de Patrick Sabatier. C’était du deuxième degré. J’avais aussi travaillé pour Jean Yanne dans l’émission “Tout le monde il est gentil” (1990) avec Laurent Baffie sur La Cinq.

Ce qui m’a marqué, c’est comment il m’a engagé sur la confiance. Quand on m’a appelé pour me dire qu’Ardisson voulait me voir, moi, j’y allais comme à un casting. Ça a duré cinq minutes, il m’a dit “tu remplaces untel, on enregistre jeudi aux Folies Bergère et on se téléphone pour que je te donne des textes”. Ça s’est fait très rapidement.  Après, j’ai quitté la télé parce que je voulais faire du cinéma (Jacky Nercessian a tourné dans plus de 70 films, NDLR). Je ne voulais pas faire une carrière d’animateur. »

« Pour lui, le plus important c’était de créer »

Comment était « l’homme en noir » au début des années 1990 ?

« C’était un homme complexe et un grand créatif. Il savait exactement ce qu’il voulait. Il n’avait pas de réserve. Jusqu’à lui, il n’y avait pas eu d’animateur-intervieweur qui allait aussi loin dans le questionnement. Lui a écrasé toutes les barrières. Ardisson était un gros bosseur et d’une précision remarquable. Il avait par moments un caractère un peu sec, mais il n’avait pas peur de vexer les gens.

C’était un mec brillant. Il allait de l’avant et n’en avait rien à faire de ce qu’on disait sur lui : dans le milieu artistique, c’est extrêmement rare. Pour lui, le plus important, c’était de créer. Il avait cette manière de faire qui fait que le Tout-Paris avait envie d’être dans son émission. »