Par

Manon Reinhardt

Publié le

14 avr. 2025 à 7h08

« Les faits mettant en cause l’entreprise Serex, […] sont graves », affirment les services de la Métropole dans un communiqué. Le gestionnaire en charge de l’exploitation de la station d’épuration à Saint-Laurent-du-Var, près de Nice (Alpes-Maritimes), est sérieusement mis en cause.

Le site rejette des eaux usées et serait à l’origine d’une pollution en mer. Les plages Cousteau, Landsberg, des Goélands et des Flots bleus sont interdites à la baignade et à la navigation depuis janvier.

Des résultats étonnamment bons

Les deux parties se renvoient la balle. La Métropole de Nice Côte d’Azur, à l’origine d’un signalement auprès du tribunal de Grasse, accuse l’exploitant de la station d’épuration d’avoir menti sur des résultats d’analyse. Serex, l’entreprise en question, jure avoir mis au courant les services métropolitains du matériel défaillant et ne pas avoir été écouté.

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L’été dernier, des analyses de l’eau, étrangement bonnes, posent question. D’autant que l’ARS alerte sur une pollution notoire dans la zone. Les plages de Saint-Laurent-du-Var sont pourtant régulièrement interdites à la baignade, à cause de la mauvaise qualité de l’eau.

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D’autres enquêtes sont donc lancées afin de déterminer la cause de cette pollution.

« Un by-pass d’eaux non traitées dissimulé »

Seulement, problème : « La dernière, réalisée en décembre 2024, a révélé que les résultats de l’autosurveillance de l’exploitant étaient en totale contradiction avec la réalité de la qualité des eaux rejetées par la STEP dans le milieu », explique la Métropole dans un communiqué.

L’exploitant se défend alors en expliquant que certains équipements qu’il considère comme défaillants seraient à l’origine d’une « dégradation non détectée ».

Les investigations menées par la régie métropolitaine remettent en cause les justifications fournies par Serex. Elles permettent, entre autres, de mettre en évidence un positionnement non conforme du point de contrôle des rejets en sortie de station dissimulant un by-pass* d’eaux non traitées par Serex.

La Métropole Nice Côte d’Azur

Des membranes volontairement non remplacées ?

Un audit interne est diligenté. Les services de la collectivité procèdent à un signalement auprès de procureur de la République de Grasse. « L’arrêt de ce rejet d’eaux usées non autorisé a subitement mis en évidence l’incapacité des membranes à traiter l’intégralité des eaux usées. »

Chez Nice-Matin, le directeur de Serex nie toute responsabilité. « Nous avons dit à la régie Eau d’Azur que les membranes étaient obsolètes depuis longtemps. C’était à eux de les changer. Ils ont demandé un devis il y a quatre ans. Mais depuis, plus rien. Ils peuvent toujours dire qu’on les a mal entretenues mais je les avais prévenus. »

La station déménage à Nice en 2029

Dans le cadre du méga chantier d’Haliotis 2, à Nice, la station d’épuration de Saint-Laurent-du-Var va disparaître. La station niçoise va ainsi récupérer le traitement des eaux usées de 26 communes de la Métropole, incluant Saint-Laurent-du-Var, La Gaude, Saint-Jeannet, Gattières, Carros et Le Broc.

Un faramineux projet à 700 millions d’euros, présenté en 2023. Le déménagement est prévu pour 2029.

Pourquoi n’ont-elles pas été changées si tel était le cas ? « C’est par souci d’économies qu’ils n’ont pas remplacé les membranes à temps », assure-t-il à nos confrères. C’est après ces propos publiés dans le journal local que la Métropole est sortie du silence par voie de communiqué.

Un « probable dysfonctionnement » pour les écolos

Les écolos, eux aussi, montent au créneau. « Ce constat tardif questionne sur la responsabilité et le probable dysfonctionnement des collectivités impliquées, d’autant plus regrettable en cette année de la Mer et à la veille de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice », s’émeut Hélène Granouillac, conseillère écologiste.

Et ne peut que constater les dégâts : « La pollution de Saint-Laurent-du-Var s’étend hélas bien au-delà de la bande des 300 mètres ». Elle estime que « la chaîne responsabilités doit être établie » et que l’enquête doit « déterminer lesquels des acteurs n’ont pas respecté la
procédure et les contrôles. »

Le contrat de Serex arrive à son terme ce mardi 15 avril 2025. C’est Suez qui reprend les rênes de la station d’épuration. La Métropole indique par ailleurs que les membranes en question sont en cours de changement.

*Le by-pass de réseaux d’eaux usées est un dispositif qui permet court-circuiter un réseau d’assainissement pluvial ou un cours d’eau.

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