C’est tout juste si l’abandon de Joao Almeida, meilleur lieutenant du champion du monde, et la chute de Tadej Pogacar ce mercredi alimentent le suspense. Alors, forcément, quand ce dernier est tombé juste avant la sacro-sainte zone des 5 kilomètres, nombreux sont ceux qui ont espéré le voir perdre du temps au classement général. C’était le cas de nombreux (télé) spectateurs mais aussi, ne nous mentons pas, de plusieurs acteurs de la course.

Fallait-il pour autant attaquer ou durcir le rythme en tête de groupe maillot jaune pour tenter de creuser l’écart sur l’immense favori de ce Tour de France ? Non. Voici pourquoi.

Il n’a pas commis de faute

Tombé à Paris-Roubaix cette année, Tadej Pogacar n’avait pas été attendu par Mathieu van der Poel, avec qui il était en tête de la course au moment de sa sortie de route. Et pour cause : le Slovène a commis une vraie erreur de pilotage sur un secteur pavé. Tout le monde le sait : les chutes font partie de l’Enfer du Nord. Et si le Slovène vient concurrencer les classicmen sur tous les terrains ces dernières années, il est normal que Mathieu van der Poel fasse fructifier l’un des derniers avantages qu’il possède encore sur son rival : le pilotage. Pousser un adversaire à la faute dans Paris-Roubaix fait même partie du jeu.

Ce mercredi, sur les routes du Tour de France, Pogacar s’est retrouvé au sol suite à la manoeuvre involontaire de Tobias Johannessen, qui lui a coupé la route, en pleine ligne droite. Un fait de course malheureux qui ne devrait pas avoir à peser sur le classement final.

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Bien sûr, il ne s’agit pas d’attendre tous les coureurs qui sont retardés par un « fait de course ». Que se serait-il passé si Oscar Onley, 7e du classement général et leader de la modeste Team PicNic PostNL, avait vécu pareille mésaventure ? Il est probable que les attaques qui animaient la tête du peloton à ce moment de la course auraient continué.

Signalons toutefois que les derniers kilomètres étaient plats et avec un vent essentiellement défavorable. La côte de Pech David, la dernière du parcours, ayant été franchie sans creuser d’écarts entre les principaux prétendants et Matteo Jorgenson, qui avait tenté une dernière attaque au début de la descente, s’était rangé en queue de groupe au moment de la chute de Pogacar. On peut donc raisonnablement penser que tous les leaders avaient déjà en tête l’étape de ce jeudi et l’entrée dans les Pyrénées.

Si Pogacar était tombé au pied de Mûr-de-Bretagne ou après avoir été lâché par certains adversaires, la donne aurait été différente.

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Il convient également de rappeler que le cyclisme est un sport d’image. Les coureurs, les staffs et même les patrons d’équipe sont payés par des sponsors, qui prêtent leur nom aux équipes professionnelles en échange de plusieurs millions d’euros. Avec, à la clé, une publicité qui atteint son paroxysme sur le Tour de France.

Les patrons des entreprises Soudal, Quick Step, Visma ou Lease | a Bike auraient-ils apprécié voir leur image salie par un mouvement antisportif en mondovision ? Rien n’est moins sûr.

Certains diront qu’il y a une dose d’hypocrisie derrière ce fair-play revendiqué et c’est sans doute vrai. Plusieurs membres du peloton sont lassés par la domination écrasante de Pogacar et de son équipe ces dernières années et certains coureurs du groupe maillot jaune avaient sans doute des fourmis dans les jambes, ce mercredi, dans les derniers kilomètres de la course. Mais la bonne décision a été prise, notamment par la voiture de la formation Soudal Quick-Step qui a rappelé à l’oreillette qu’on n’attaquait pas un homme au sol.

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