Malgré de sérieux doutes sur le diagnostic, Robert Roberson, un Américain atteint d’autisme, condamné pour la mort de sa fille attribuée au syndrome du « bébé secoué », s’est vu fixer une nouvelle date d’exécution. Il y a presque un an, il y avait échappé in extremis.

L’homme âgé de 58 ans avait obtenu un sursis à son exécution par injection létale le 17 octobre 2024, à la suite d’une demande d’une commission du Parlement du Texas qui l’avait convoqué pour une audition, précisément afin de lui sauver la vie. La Cour suprême du Texas lui avait accordé ce répit de dernière minute mais a ensuite considéré en novembre qu’une commission parlementaire ne pouvait ainsi faire obstacle à une décision de justice et qu’une nouvelle date d’exécution pourrait donc être fixée.

« Robert ne l’a pas tuée. Il n’y a pas eu de crime »

Un juge a fixé mercredi cette date au 16 octobre, au grand dam des défenseurs de Robert Roberson, qui ont saisi en février une juridiction d’appel pénale du Texas pour obtenir le réexamen de son dossier.

« Les Texans devraient être indignés que le tribunal ait fixé une date d’exécution pour un homme dont l’innocence peut être démontrée », a réagi dans un communiqué son avocate Gretchen Sween.

« Quiconque s’est donné la peine d’examiner les preuves de l’innocence de Robert Roberson est parvenu à la même conclusion : la mort de Nikki était une terrible tragédie. Robert ne l’a pas tuée. Il n’y a pas eu de crime », a-t-elle réaffirmé, précisant qu’elle demanderait un nouveau sursis.

Une mort finalement due à une pneumonie ?

Les défenseurs de Robert Roberson, dont l’ancien policier Brian Wharton, chargé du dossier à l’époque, et l’auteur de polars à succès John Grisham, font valoir que le diagnostic du syndrome du bébé secoué, établi en 2002 à l’hôpital où il avait amené sa fille Nikki aux urgences dans un état critique, était erroné.

De plus, son autisme, finalement diagnostiqué officiellement en 2018 et interprété comme une indifférence à la situation, a pesé lourd dans sa condamnation, selon eux.

Ses avocates s’appuient notamment sur des analyses médicales récentes imputant la mort de Nikki à une grave pneumonie, non détectée à l’époque, aggravée par la prescription de médicaments inadaptés, comme en attestent dans une lettre 34 médecins.

Les élus de la commission de la justice pénale de la Chambre des représentants du Texas, qui l’avaient convoqué, déplorent que soit si peu appliquée par les tribunaux une loi pionnière adoptée en 2013 par leur Etat pour réviser les condamnations fondées sur des éléments scientifiques se révélant finalement erronés.