« Une innovation stéphanoise, et une grande première en France. »
C’est en ces termes que Jean-Luc Degraix, vice-président de Saint-Etienne Métropole, présente le nouveau voilage installé fin juin quelques mètres au-dessus de la pelouse du stade Geoffroy Guichard. Son but est d’empêcher la lumière du soleil d’atteindre la pelouse. Les avantages sont multiples : en plus d’abaisser la température de 5°C au ras du terrain, ces voiles filtrent les ultraviolets (UV), agissant ainsi contre le jaunissement et le phénomène de gazon cramé.
« Ces 5°C en moins, c’est aussi moins de risques de maladies, et donc moins de traitement à base de produits phytosanitaires », complète José Machado, responsable technique à Saint-Etienne Métropole et instigateur du projet dès 2017.
Un lien entre état de la pelouse et résultats sportifs ?
Jean-Luc Degraix souligne « qu’un bon terrain, c’est aussi le reflet de l’équipe. On était la troisième meilleure pelouse de France lors de la montée en Ligue 1 en 2023-2024, puis on est redescendus dans le classement après les JO. » Dans une enceinte en forme de cuvette où la température au sol peut dépasser les 40°C, les 5°C perdus permettent au gazon de respirer.
Marianne Petiot, directrice Sports et Vie associative à la Métropole, souligne que l’objectif n’est pas d’avoir une pelouse parfaite. « Ces dernières années, les exigences de l’audiovisuel font qu’il y a un championnat des pelouses, explique la responsable. Mais une pelouse, c’est vivant, il faut accepter d’avoir des trèfles ou un petit trou par-ci par-là. »
Les tout premiers retours semblent concluants. Le 12 juillet, l’ASSE recevait l’Estac Troyes à Geoffroy-Guichard pour son second match de pré-saison. Les Verts l’ont emporté 1-0. Et la pelouse était en meilleur état qu’espéré, d’autant plus que la ville sortait à peine de plusieurs jours de canicule intense.
« Sur ce match du 12 juillet, je pense que le terrain n’aurait pas supporté l’intensité du haut niveau si on n’avait pas mis en place le voilage, estime José Machado. Il y aurait eu des mottes arrachées. »
Le responsable s’attend à dresser un premier bilan complet à la fin de la période estivale, en septembre, lorsque le voilage sera retiré pour la saison, avant son retour en juin prochain.
Un dispositif encore en phase de test
Cette innovation technique a aussi été pensée dans le but de réaliser des économies conséquentes. « L’idée, poursuit José Machado, c’est aussi de casser le mythe selon lequel il faut changer de pelouse chaque année. » Le remplacement total d’une pelouse coûte à lui seul 500 000 euros. Ce voilage étant encore un prototype, l’accent a été mis sur la réutilisation de matériaux qui appartenaient déjà à la Métropole, là encore pour éviter tout surcoût. Les voiles sont par exemple tendues grâce à des cordes d’escalade.
Le système est donc rudimentaire, mais fonctionne : sur les trois premières semaines, on constate une diminution de la consommation en eau de 30 à 50 %. « On veut tester avant d’investir vraiment, détaille Marianne Petiot. Et ça nous tient aussi à cœur d’être des pionniers. On n’a pas de toit rétractable comme d’autres stades, alors on veut montrer qu’il est possible de développer des infrastructures efficaces sans investir énormément. »
Pour être à la pointe du développement durable et de la sobriété énergétique, le septième plus grand stade de France s’est équipé dès 2007 de panneaux photovoltaïques et s’est raccordé en 2024 au réseau électrique, afin de limiter l’usage de groupes électrogènes gourmands en énergie. Une cuve a également été installée, et capte annuellement 430 m3 d’eau de pluie.
Ce voilage s’inscrit donc dans la politique environnementale entreprise par les Verts et la Métropole depuis plusieurs années. Avec un taux de remplissage moyen de 29 760 supporters l’an dernier et 17 000 abonnements pour la saison à venir, le Chaudron n’a définitivement pas besoin des rayons du soleil pour rester bouillant.
Montage et démontage des voiles, mode d’emploi
De l’aveu même de Marianne Petiot, directrice Sports et Vie associative à la Saint-Etienne Métropole, « le voilage est encore en phase de test. Il y a encore quelques sujets techniques sur lesquels on doit plancher ».
L’un d’entre eux concerne le montage et le démontage du dispositif avant et après les matchs. La saison démarre en effet début août (et même en juillet en comptant les matchs amicaux), alors que les températures et l’ensoleillement élevés durent bien souvent jusqu’en septembre. À l’occasion de la réception de l’Estac Troyes le 12 juillet dernier, les voiles ont été retirées le jeudi 10, soit deux jours avant, et réinstallées le mardi 15, soit trois jours après.
Composé de cordes d’escalade et de bâches qui appartenaient déjà à la métropole, le mécanisme attend de passer de premiers tests concluants en termes d’économie d’eau et de qualité de la pelouse avant d’entrer dans une phase d’amélioration.
La Métropole cherche notamment à rendre ces immenses voiles rétractables, pour ne pas avoir à les déposer au sol comme c’est le cas actuellement.