C’est un simple changement de nom de rue qui provoque une réaction diplomatique. À Drap, petite commune de 5 000 habitants dans la banlieue de Nice, le boulevard Stalingrad portera désormais le nom de « boulevard des Rives du Paillon », en référence au fleuve qui traverse la commune.
Mais la décision, votée en conseil municipal le 4 juillet, a été vivement critiquée par l’ambassade de Russie en France. Dans un message publié sur Telegram, elle s’est dite indignée face à cette « décision honteuse » et a dénoncé une « tentative inquiétante de réécriture de l’histoire ». L’ambassade s’en prend notamment à l’un des arguments invoqués par l’équipe municipale : « Le cynisme de l’un des arguments avancés pour justifier cette décision est particulièrement frappant ».
Une bataille décisive de la Seconde Guerre mondiale
L’adjointe au maire Alexandra Russo, citée par le quotidien Nice-Matin, a expliqué ce choix en affirmant que « la bataille de Stalingrad n’est pas une fierté historique », ajoutant : « Il ne faut plus mettre en avant ces grandes batailles du passé qui ne sont pas des grands moments pour la France ».
Des propos jugés comme une « déformation flagrante des faits historiques » par l’ambassade russe, qui rappelle que la victoire soviétique à Stalingrad, en février 1943, a marqué un tournant décisif dans la Seconde Guerre mondiale. « Cette victoire a largement précipité l’effondrement de l’Allemagne nazie et contribué à la libération de l’Europe du joug du nazisme », affirme l’ambassade.
Une décision qui divise
Le maire de Drap, Robert Nardelli (divers droite), a reconnu que sa collègue « est allée un peu loin dans ses propos », mais a défendu la décision municipale. Celle-ci a toutefois suscité l’opposition des élus communistes locaux. Le groupe « Alternative Communiste 06 » s’est interrogé dans un communiqué : « Doit-on comprendre que la municipalité de Drap regrette officiellement ce moment de l’histoire et qu’elle aurait préféré une victoire nazie ? »
La controverse intervient alors que le pouvoir russe, sous Vladimir Poutine, est régulièrement accusé de réécrire l’histoire soviétique pour des raisons politiques, notamment dans le contexte de sa guerre d’invasion lancée en 2022 contre l’Ukraine. L’invocation constante du combat contre le nazisme par Moscou est perçue par de nombreux historiens comme un outil de légitimation de l’occupation du territoire ukrainien par le régime.