Dans son ouvrage Respect, Anouk
Grinberg
brise le tabou en évoquant les violences
sexuelles subies dès l »enfance, les non-dits familiaux qui ont
suivi, et l’impact profond de ces agressions sur son quotidien.
Elle revient aussi sur le rôle crucial du mouvement #MeToo, qui lui
a permis de sortir de ce qu’elle nomme son « anesthésie »,
comme elle le confiait dans une interview accordée à
Libération en avril. Cette prise de parole s’inscrit dans
une démarche militante plus large. Déjà très remontée contre le «
silence assourdissant » du monde du cinéma lors de la mise
en examen de Gérard Depardieu, l’artiste se
positionne aujourd’hui comme une figure engagée contre le sexisme
et la pédocriminalité, refusant que ces sujets restent relégués
dans l’ombre.

Anouk Grinberg, de traumatismes en traumatismes

Anouk Grinberg refuse désormais de garder le silence sur

les violences subies
. Elle décrit « un tombeau » dans
lequel elle aurait été enfermée vivante, illustrant ainsi le poids
de l’omerta familiale. Alors qu’elle tente de se reconstruire, elle
confie avoir longtemps écrasé ses souvenirs pour donner l’illusion
d’être « la femme la plus libérée de la Terre ». Mais cette
petite mort intérieure, née d’un traumatisme jamais
reconnu
, l’a suivie dans toutes ses relations. Elle
raconte aussi une scène incestueuse avec son frère aîné à l’âge de
12 ans, sous le regard de leur père, qui ne réagit pas et évoquera
plus tard nombreuses déclarations. « C’était comme si je montais
une marche supplémentaire dans l’omniprésence du sexe »,
témoignait-t-elle dans Libération.

Avant ce drame, la native d’Uccle avait déjà
vécu une première agression à 7 ans, perpétrée par le beau-père de
sa meilleure amie pendant qu’ils regardaient un film. La violence
de l’acte l’avait figée dans un silence total. « Pas un son
n’est sorti de moi, mon corps, mon âme, tout était mort »,
confie-t-elle, précisant que son immobilité a peut-être été perçue
à tort comme un consentement. Elle dénonce cette génération
d’hommes convaincus que les enfants étaient déjà
sexualisés
, s’en servant comme alibi à leur prédation.
Cadette d’une fratrie de quatre, née dans un milieu aisé mais sans
affection, Anouk Grinberg grandit entre le rejet et le non-dit,
dans l’ombre d’un avortement manqué, d’une mère en dépression et
d’un père célèbre mais mutique.

Charlotte Gainsbourg, une autre victime ?

Anouk Grinberg a également été victime de comportements
inacceptables de la part de certains réalisateurs, à l’instar de
Bertrand Blier, son ex compagnon. Selon les
informations de Closer, la sexagénaire sait qu’elle n’est
pas la seule à avoir subi de telles violences sexuelles dans cet
univers. Dans Le nouvel Obs, elle revient sur une scène
choquante qui continue de la hanter, impliquant Charlotte
Gainsbourg
. « De même dans Merci la vie, il y a cette scène
où Charlotte Gainsbourg est assise sur les genoux d’un
horrible monsieur qui se vante de lécher les ‘minous’ des
enfants
« , se rappelle-t-elle avec émotion.

Avec le recul, l’actrice de 62 ans exprime son regret de ne pas
avoir alors mesuré la gravité et l’impact de ce type de scènes.
« Blier n’a évidemment pas fait cette scène pour dénoncer quoi
que ce soit. Mais moi, en ce temps-là, je ne m’en rendais pas
compte », confiait-t-elle, soulignant combien la prise de
conscience est venue tardivement. Ce témoignage met en lumière
les non-dits et les violences qui ont longtemps
persisté dans l’industrie du cinéma.

Anouk Grinberg face à l’affaire
Depardieu

Invitée il y a quelques mois dans un « Parlons-en »,
Anouk Grinberg a réagi au
jugement rendu contre Gérard Depardieu
. Pour elle, celui qu’on
appelait autrefois un « monstre sacré » est désormais un
« monstre tout court ». Elle salue cette décision
judiciaire
qu’elle voit comme un tournant décisif. « Le
jugement à l’encontre de Depardieu signe la fin de
l’impunité », affirme-t-elle, avant de souligner l’importance
d’une véritable « prise de
conscience
« .

Elle-même marquée par des agressions dans son passé, l’actrice
estime que l’acteur vit dans un « profond déni ». Elle
souhaite qu’il puisse un jour retrouver une part de sincérité et
d’humanité, afin qu’il puisse reconnaître ses actes. « Gérard
Depardieu mérite de se reconnecter avec ce qu’il a d’humain et
d’honnête en lui », dit-elle, dans l’espoir qu’il finisse par
faire amende honorable auprès de ses victimes.
Pour Anouk Grinberg, cette étape représente un aboutissement
personnel dans un combat qu’elle mène depuis longtemps.