- Une semaine après les violents incendies qui ont ravagé les quartiers nord de Marseille, les sinistrés sont encore sous le choc.
- Ils ne comprennent toujours pas l’ordre d’alerte donné par les autorités au moment de l’incendie.
- Face aux critiques, le préfet des Bouches-du-Rhône a publié une inhabituelle mise au point.
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Le 13H
Après la panique, place à la colère. Une semaine après les violents incendies qui ont ravagé les quartiers nord de Marseille, les sinistrés sont encore sous le choc, à l’image d’Alexandra Lacroix, qui témoigne dans le reportage du JT de TF1 ci-dessus. Cette habitante du 16ᵉ arrondissement a vu sa maison partir en fumée. « Là, c’est mon entrée, là ma salle à manger, ma cuisine là-bas, mes toilettes et ma salle de bain », montre-t-elle face à notre caméra, au milieu d’un champ de ruines.
Alors qu’un nouveau feu s’est déclaré ce jeudi matin dans les Bouches-du-Rhône, elle ne comprend toujours pas les ordres donnés par les autorités au moment du grand incendie. « Message du préfet des Bouches-du-Rhône : ‘Confinez-vous dans un bâtiment dur, restez les volets fermés’. C’est pas grave ça ? Heureusement qu’on ne les a pas écoutés, sinon il y aurait eu douze familles brûlées. Je n’ai pas de mots, je ne sais pas quoi vous dire. En attendant, vous voyez, je n’ai plus rien », déplore-t-elle.
Les pompiers sont-ils arrivés trop tard ?
Claude, un autre habitant, a évité de justesse la catastrophe. Pendant de longues heures, il a lutté contre le feu avec un simple tuyau. « Je crois que je l’ai retardé un peu, mais ça allait tellement vite avec le vent qu’il y avait, ce n’est pas un peu d’eau qui va arranger ça », explique-t-il. Les pompiers, je pensais qu’ils arriveraient avant que je me casse. Et puis je ne les ai pas vus… Après, il a fallu que je parte. »
Même scénario pour Evelyne Mazade, qui a raconté à l’AFP avoir fini par sortir de chez elle armée de deux seaux d’eau pour tenter d’éteindre le feu qui ravageait son sous-sol. Les flammes sont arrivées vers 15h45 chez elle, et les pompiers autour de 18 heures. « Et ils venaient de Nice, donc j’ai dû leur montrer où étaient les bornes incendies », souligne cette retraitée qui cherche aujourd’hui à se reloger avec son chien.
Incendie à Marseille : traumatisme et colère des habitantsSource : JT 20h Semaine
L’ordre de confinement était-il tenable, alors que les flammes arrivaient aux portes des maisons ? Les pompiers et les Canadairs sont-ils arrivés trop tard dans certains quartiers de Marseille ? Comment un incendie dont le départ a été signalé trois heures plus tôt a-t-il pu ravager plus de 70 logements ? Des sinistrés en sont persuadés : il y a eu un problème dans la gestion de la crise.
Toutes ces questions sont revenues en boucle lors d’une réunion houleuse organisée mardi soir par la ville de Marseille à l’Estaque. De nombreux habitants ont dénoncé la mauvaise gestion des autorités. Samia Ghali, maire-adjointe de Marseille qui pilotait cette réunion, confirme ce jeudi auprès de l’AFP que les échanges ont très rapidement tourné sur l’organisation des secours : « La colère des sinistrés est légitime, il s’agit d’essayer de comprendre pourquoi on leur a dit de rester confinés quand il y a le feu devant leur porte, et pourquoi les habitants ont vu arriver des pompiers des Alpes-Maritimes, qui ne connaissent pas ces quartiers escarpés, alors que les marins-pompiers de Marseille, oui ». Une autre assemblée de sinistrés et délogés du 16e arrondissement est prévue jeudi en fin de journée.
Le préfet « assume » tous ses choix
De son côté, Georges-François Leclerc, le préfet des Bouches-du-Rhône, a fait une mise au point dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi. « L’ordre de confinement a été donné pour éviter de mettre les populations en danger. De trop importants embouteillages auraient empêché l’intervention des pompiers », s’y justifie-t-il, disant « assumer la totalité des décisions qui ont été prises afin de garantir et surtout de réussir à protéger la population ».
Au total, 875 pompiers des Bouches-du-Rhône et des marins-pompiers de Marseille ont été déployés, renforcés par 500 pompiers d’autres départements, appuyés par 260 engins et 17 moyens aériens, dont 7 Canadair. Ces interventions « ont permis d’éviter le pire », assure le préfet qui souligne qu’il n’y a eu « aucune perte humaine », « aucun blessé grave », et « près d’un millier d’habitations sauvées ». « Le feu de Marseille est une réussite opérationnelle parce qu’il n’y a pas de blessés lourds ni de morts, souligne aussi auprès de TF1 Grégory Allione, député européen Renew et ancien président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers. Il faut le relever au-delà des difficultés qu’ils ont pu connaître, liées au relief et aux conditions opérationnelles. »
Ce jeudi encore, le vent souffle fort sur Marseille. Le département est classé en risque très sévère d’incendie.
La rédaction de TF1info | Reportage : Sonia BOUJAMAA, Frédéric MIARA, Anna MAZZER PIRODON