Cette année encore, l’art s’invite dans les parcs et jardins d’Eysines, principalement aux abords du château Lescombes. L’édition 2025 du festival Fertiles lève le voile sur les réalisations de quatre artistes. Robert Keramsi et Carine Picotin ont travaillé de concert. Le résultat s’intitule Osiris, en référence à la divinité du panthéon égyptien associée à la mort et à la résurrection. Trois têtes d’un géant émergent progressivement du sol. À l’ombre des arbres, la première, semi-enterrée, est encore ensommeillée. Épaules sorties, la deuxième s’éveille au monde. Dans le même alignement, la troisième, penchée en arrière, semble chercher une bouffée d’oxygène.
Des têtes de géant émergent du sol au parc du château Lescombes.
O. D.
Les sculptures, ou « gueules », selon Keramsi, présentent une structure de fer à béton, laquelle est habillée de grillage modelé et rempli de broyat. Des restes de branches et de feuilles récupérés à Eysines, à l’issue d’une tempête. « Nous avons travaillé avec le service des parcs et jardins », indique le duo. Recyclage de déchets, proximité et large utilisation des matières naturelles s’inscrivent dans les valeurs de Fertiles.
Fleurs séchées
Laëtitia Mendoza-Lambert, alias Solanaceae, jongle entre architecture, agriculture et décoration
O. D.
Laëtitia Mendoza-Lambert, alias Solanaceae, est la locale de l’édition. Architecte, cette fille d’agriculteurs de la zone maraîchère a repris il y a peu la propriété familiale pour se lancer dans la culture des fleurs. En parallèle, elle pratique l’artisanat des fleurs séchées. Des journées bien remplies, donc. « Je voulais retrouver du sens et de l’éthique dans la déco », dit-elle. « Éclosion suspendue » est une imposante couronne mélangeant fleurs séchées (statices, immortelles à bractée, etc.), fleurs et graines de sauge officinale, achillée millefeuille (plante médicinale), graminées…
L’œuvre « Éclosion suspendue » se balance dans le parc du château Lescombes.
O. D.
« C’est une représentation du cercle de la vie dans sa dimension éphémère et résiliente grâce aux plantes médicinales. » Les éléments les plus fragiles vont s’effacer au fil du temps. Des pochons disséminés sur le cercle en osier contiennent des graines de volubilis qui vont germer puis fleurir, nourries par des rétenteurs d’eau et du terreau. « L’idée est de faire une œuvre évolutive », explique-t-elle. Livrée au vent, la couronne vibre au rythme des feuilles. L’hôte végétal, les racines ancrées dans le sol, incarne au contraire la stabilité, la permanence.
Aiguilleuses
Xavier Rèche devant une de ses « aiguilleuses » suspendue dans un arbre.
O. D.
Xavier Rèche a créé douze sculptures en bois. Perchées dans des arbres, elles invitent à lever les yeux dans différents parcs de la commune : Lescombes, bois de la Lesque, Lamothe-Lescure, Derby, Limancet, Vigean. Dénommées « aiguilleuses », elles sont liées par une direction commune, celle du Sud-Ouest. Ces structures se projettent à la manière d’un oiseau qui s’envole, construites selon le principe de tenségrité.
Les sculptures de Xavier Rèche s’élancent et semblent s’arracher à la pesanteur terrestre.
O. D.
« C’est une manière de créer des volumes à partir d’un réseau de câbles qui mettent en compression des bâtons. Cette technique permet d’enjamber un espace. La forme de l’objet communique une énergie. » Adepte de la « sculpture dans le paysage », Xavier Rèche a travaillé à 60 % avec du bois de collecte (acacia, troène), là encore récupéré à Eysines.
Festival Fertiles, jusqu’au 4 septembre à Eysines. Renseignements sur eysines.fr.