Un fermier de La Grigonnais, près de Nozay en Loire-Atlantique, s’est fait voler 23 bêtes dans la nuit du 13 au 14 juillet 2025. Solidaire, le reste de la filière ovine exprime son ras-le-bol face à l’impunité des mis en cause.
Cette fois, il ne s’agissait pas seulement d’une ou de deux bêtes. À une trentaine de kilomètres au nord de Nantes (Loire-Atlantique), un élevage ovin de La Grigonnais a été forcé dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 juillet. Un ou plusieurs individus se sont infiltrés sur le terrain de l’exploitation et en sont repartis avec 23 animaux : 22 brebis et un bélier de sélection. Soit un cinquième du troupeau de l’éleveur volé, spécialisé dans le mouton de race vendéenne.
«Ça a été un choc. Je ne trouve plus le sommeil depuis qu’on m’a volé mes bêtes ; je me lève pour un rien, dès que j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose sur mon terrain», témoigne Gaëtan Lefeuvre, propriétaire de l’exploitation visée. Déjà victime d’un vol en 2017, l’éleveur navigue désormais «entre stress et colère», rongé par le malaise. «On culpabilise, on se dit qu’on n’est pas parvenu à protéger ses brebis, alors qu’on n’y est pour rien», glisse-t-il.
«C’est dramatique»
Plusieurs tentatives d’intrusions avaient été détectées plus tôt dans l’année. En avril, Gaëtan Lefeuvre était parvenu à identifier à temps une voiture suspecte près de sa propriété. Des barrières avaient été ouvertes lors de ces coups d’essai. Selon ses comptes, les 23 moutons dérobés le week-end dernier étaient estimés à 11.500 euros. À cette perte directe s’ajoute le préjudice lié au vol des brebis, qui devaient mettre bas des agneaux pour Pâques. Une enquête a été ouverte à la gendarmerie de Nozay. Le fermier indique porter plainte d’ici la fin de la semaine.
On vient nous enlever en une nuit des moutons qu’on élève sur des générations
Sébastien Héas, président du collectif des éleveurs pillés de Loire-Atlantique
Engagé aux côtés des professionnels victimes de vols, par l’intermédiaire du collectif des éleveurs pillés de Loire-Atlantique, Sébastien Héas s’insurge contre la disparition des moutons de son confrère. «C’est dramatique. On vient nous enlever en une nuit des moutons qu’on élève sur des générations», réagit-il. Longtemps anecdotiques dans le département, les vols de cheptel ont monté en flèche entre 2020 et 2022, atteignant quelque 800 bêtes disparues par an. La situation s’est, depuis, partiellement apaisée, tout en restant à un niveau inacceptable pour les professionnels. Depuis janvier, le collectif des éleveurs pillés a ainsi recensé quelque 200 animaux volés sur le département.
«C’est malheureusement encore beaucoup trop. On continue de nous piller allégrement et en toute impunité. Cela dure depuis des années. Notre production départementale s’en trouve aujourd’hui sinistrée», observe Sébastien Hélas, qui espère que la filière pourra un jour compter sur les progrès des caméras intelligentes ou sur les drones pour garder un œil plus efficace sur les cheptels. Une surveillance des élevages les plus menacés, ceux qui ont déjà été visités par le passé, a été mise en place à l’initiative de la préfecture. Le dispositif, qui se manifeste par des patrouilles accrues de la gendarmerie nationale lors de périodes à risques, telle celle de Pâques, à vocation à produire un effet dissuasif.