Rares sont ceux qui connaissent l’histoire de ce bâtiment construit en 1738, situé en face de l’emblématique miroir d’eau à Bordeaux. Et pourtant, l’ancien Hôtel des fermes du Roi y accueille la douane depuis 287 ans. « Café, cacao, ivoire, il fallait un mois pour contrôler toutes les marchandises d’un navire au XVIIIe siècle. Aujourd’hui dix minutes suffisent pour scanner tout un chargement de camion ! » glisse Aurélie Guichemerre, la conservatrice du musée national des douanes.
Car le bâtiment, qui a traversé la Révolution française et connu l’installation de la Régie des douanes nationales sous Napoléon, raconte l’histoire d’un métier « qui a toujours existé, depuis qu’il y a du commerce et des frontières », ajoute la conservatrice. De la monumentale balance à la « Cabane des douaniers » de Monet en passant par les « penthières » — ces cartes dessinées autrefois pour repérer bois, guet, pont à surveiller —, l’unique musée des douanes françaises en raconte aussi les missions actuelles.
« Quatre éléphants meurent toutes les heures » à cause du trafic d’ivoire
« Plus seulement économiques, les douaniers ont aussi à charge d’intercepter contrefaçons et stupéfiants, et ce qui peut être dangereux », précise la conservatrice qui présente fausses peluches ou faux Château Petrus, sans en faire un spectacle.
Idem pour l’ivoire : « les visiteurs trouvaient ça si beau qu’ils en oubliaient que quatre éléphants meurent toutes les heures à cause de ce trafic », rappelle-t-elle. Près du pangolin ou du bouclier en peau de rhinocéros noir, le travail de lutte contre le trafic d’espèces protégées est mis en avant, tout comme les biens culturels, « issus de pillages pendant les conflits comme en Syrie, en Afghanistan ».
Insolite, on y verra bientôt l’un des 315 œufs de 70 cm de diamètre d’un oiseau géant aujourd’hui disparu, « trésor national malgache saisi au Havre puis restitué. » De quoi mieux comprendre les missions des 16 535 douaniers du territoire.