Quelques semaines après avoir renversé l’UBB en finale du Top 14, un documentaire immersif sur les coulisses du 24e Bouclier de Brennus remporté par Toulouse a été publié par le club. Parmi les séquences marquantes figure le discours d’Ugo Mola, prononcé quelques heures avant le coup d’envoi au Stade de France d’une finale qui restera dans les annales.

Le Stade toulousain se souviendra longtemps de cette saison 2025/2026, qui ne fut décidément pas comme les autres. Au-delà des graves blessures d’Antoine Dupont ou de Peato Mauvaka, d’un déplacement en Afrique du Sud rempli d’émotions mais contraignant physiquement, d’une demi-finale ratée face à l’UBB, le club le plus titré de l’Hexagone a vécu des drames humains avec la disparition de Medhi Narjissi et d’Helen Tekori, femme de l’ancien joueur aujourd’hui adjoint chargé des équipements dans le staff d’Ugo Mola. Dans le film qui revient sur toute la phase finale du Top 14, produit par le club et publié sur YouTube, le manager toulousain débute d’ailleurs son discours d’avant-match en évoquant les moments difficiles que le groupe a vécus depuis plusieurs mois. « Peut-être qu’on a loupé une partie de notre saison en Afrique du Sud, qu’on n’a pas bien su gérer ça, reconnaît ensuite Ugo Mola à quelques heures du coup d’envoi. « On a eu l’occasion de se rattraper contre Bordeaux en demi-finale, on ne l’a pas fait. Ça peut être l’un des regrets. […] On est à deux heures et quelques d’une finale de championnat où on a tout en main. »

Sous les yeux de Romain Ntamack, Thomas Ramos, Jack Willis et même Antoine Dupont, présent pour l’occasion, l’entraîneur questionne ses hommes : « Vous savez ce qu’est la différence entre une équipe orgueilleuse et une équipe fière ? Le mec fier, il n’a besoin de rien, de nada. Il a juste besoin des mecs qu’il a à côté, il a les pieds ancrés au sol parce qu’il est fier, et qu’il n’a pas besoin de savoir ce qu’on pense de lui pour savoir ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas. C’est ça, un mec fier. Choisissez votre camp entre les orgueilleux et les fiers. Moi, je sais qui vous êtes, et j’ai toujours été fier de vous. On s’est peut-être plantés, on a peut-être fait des conneries, et on en fera encore, mais ce qui est sûr, c’est qu’on l’a fait avec le cœur, avec nos tripes, et avec, je l’espère, le plus de respect possible. »

On va les fendre les uns après les autres

Depuis 2019, Toulouse n’a laissé que des miettes à la concurrence en décrochant quatre des cinq derniers Boucliers de Brennus. Dans son histoire, Mola en est conscient, le Stade toulousain a gagné, qu’importe l’époque, et continuera de le faire avec les futures générations, c’est ce que pense du moins le technicien. Alors, pour motiver ses troupes, le manager a préféré rester sur l’instant présent, axer son discours sur l’aventure hors norme vécue par ce groupe en 2025-2026. « On a été champions plein de fois. On a gagné plein de fois. Je vous ai déjà parlé de ce frigo qu’on pouvait se racheter pour essayer d’en remplir un autre. On va le garnir, les mecs. Il y a des gamins qui arrivent, il y en a plein dans la salle, on va continuer à le garnir. Le problème, ce n’est pas le club. C’est l’aventure qu’on vient de vivre depuis un an. Alors, le petit Mehdi, vous ne le connaissiez pas, pour la majorité, à part Thomas (Ramos), Mathis (Lebel). Helen (Tekori), nous la connaissions tous. Tous. Joe (Tekori), tous les jours, il nous donne tout. Tout. Et la fierté, les mecs, ce n’est pas de gonfler les pecs, la fierté, c’est fermer sa gueule et faire. Enfoncer les mecs. Alors, choisissez votre put*** de camp entre la fierté et l’orgueil. Moi, j’ai confiance en vous. »

Dans un silence de cathédrale, l’ancien coach de Brive conclut sa tirade en interpellant directement son huit de devant, appelé à réaliser une grande performance au Stade de France. « Les gros, sincèrement, chaque fois que le Stade toulousain a été champion, on a roulé sur la terre entière devant. Chaque fois que le Stade toulousain a été champion, on a fracassé les mecs devant. […] Si vous avez envie de vous y envoyer quand même… Moi, je veux bien qu’on parle des uns et des autres, hein. Mais regardons-nous. On va les fendre les uns après les autres. » Quelques heures plus tard, les Toulousains allaient s’imposer contre les Girondins au terme d’une finale haletante et indécise (39-33), où le paquet d’avants mené par Jack Willis et Anthony Jelonch a, effectivement, pris le dessus sur le champion d’Europe 2025.