Violet, menthe à l’eau, jaune acide… Des nuages de couleurs diluées ou de larges aplats de teintes vives composent de grands portraits d’où se dégagent à la fois une fraîcheur pop et une étrange mélancolie. Yeux baissés ou clos, casque sur les oreilles ou absorbés par l’écran d’un téléphone portable, les jeunes gens représentés par Françoise Pétrovitch (née en 1964) restent plongés dans leur monde qui échappe au regardeur, emplissant de leur présence énigmatique les cimaises immaculées du MO.CO.

Le musée montpelliérain dédie actuellement une grande exposition monographique à cette artiste française, réunissant 130 œuvres (dont plusieurs dizaines inédites) produites entre 1994 et 2025. Au cœur de ce parcours curaté par Rahmouna Boutayeb et Numa Hambursin (directeur de l’établissement), une grande salle très réussie mêle paysages et portraits au lavis de grand format, où le rêve se mêle à l’inquiétant.

Exposition « Françoise Pétrovitch. Sur un os » au Mo.Co. de Montpellier

Exposition « Françoise Pétrovitch. Sur un os » au Mo.Co. de Montpellier

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© Courtesy Semiose, Paris / © Aurélien Mole / © Adagp, Paris, 2025

Des personnages juvéniles aux yeux vides fument des cigarettes, nimbés de fumée et de lueurs toxiques ; un petit garçon au visage pâle baisse tristement la tête dans son costume de squelette ; un lac grisâtre sur lequel flottent de nénuphars semble à la fois onirique et chargé de pollution… Des garçons et des filles inconscients, tractés par de mystérieux accompagnants, sèment le trouble : sont-ils juste endormis, câlinés, ou viennent-ils de se noyer dans l’eau sombre ?

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Portraits d’adolescents

Françoise Pétrovitch, Sur un os

Françoise Pétrovitch, Sur un os, 2024

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Bronze • 240 × 48 × 33 cm • © Courtesy Semiose, Paris / © Aurélien Mole / © Adagp, Paris, 2025

Dans le parcours figurent aussi une série de portraits d’adolescents (« Cinémascope », 2020–2024) et de petites œuvres délicates (collages, broderies…) réalisées dans les années 1990, ainsi qu’une pépite : Papillon (2025), une œuvre vidéo poétique et hypnotique réalisée avec Hervé Plumet, où le pinceau de l’artiste élabore en direct des encres sur plaque de verre mettant en scène des chevaux, des oiseaux ou encore une petite fille ailée qui prennent vie et s’animent sous nos yeux – une sorte de conte mythologique sur la perte de l’innocence ?

Plus loin, le visiteur découvrira une grande salle mêlant peintures et sculptures en céramique ou en bronze, parmi lesquelles Sur un os (2024) – une petite fille gracieusement perchée en équilibre sur un fémur d’ogre. Toute l’ambiguïté de son univers incarnée dans une seule œuvre !

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Françoise Pétrovitch. Sur un os

Du 21 juin 2025 au 2 novembre 2025

www.moco.art

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