Par
Pierre Chemel
Publié le
18 juil. 2025 à 16h49
C’est un afflux de talents que Marseille accueille avec fierté, même si les circonstances qui l’ont rendu possible sont préoccupantes. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mis la recherche américaine sous pression : budgets coupés, données scientifiques effacées, universitaires sommés de justifier leur salaire. Résultat : 31 chercheurs de haut niveau ont été sélectionnés pour rejoindre, dès la rentrée prochaine, les laboratoires d’Aix-Marseille Université. L’annonce a été faite vendredi par son président Eric Berton sur France-Inter.
600 candidats
Au 31 mars 2025, date limite des candidatures, Aix-Marseille Université (AMU) avait reçu 300 dossiers, et au total 600 chercheurs américains ont exprimé le souhait de venir travailler au sein de l’université marseillaise, l’une des plus importantes de France en nombre d’étudiants (80 000, dont 12 000 internationaux).
Les 31 chercheurs sélectionnés « sont des profils seniors, des professeurs de haut niveau », qui travaillent dans les sciences environnementales, dans les domaines des humanités (études de genre, histoire, géographie), de la biologie, la santé, l’épidémiologie, l’immunologie », a ajouté M. Berton.
Et aussi, « plus surprenant, des collègues qui viennent de la Nasa vont nous rejoindre dans nos laboratoires d’astrophysique. »
« Ils ne peuvent plus travailler »
« Le plus dur dans cet épisode, ce sont les messages poignants des gens qu’on n’a pas pris », a-t-il déclaré, estimant toutefois que « ces collègues vont pouvoir aussi trouver des solutions dans les autres universités françaises et en Europe » grâce au programme « Choose France » et à des bourses européennes.
« Ils ont des pressions, les banques de données des collègues qui travaillent dans le domaine du climat sont parfois effacées, ils ne peuvent plus travailler, mais on leur demande de justifier leur salaire, ce qui est assez cocasse », a affirmé M. Berton.
Ce qui se passe aux Etats-Unis, ça influence le monde entier »: en France, « des programmes sont arrêtés parce qu’aux Etats-Unis c’est arrêté. Il faut se montrer à la hauteur de l’événement. Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme. C’est l’honneur de l’université française d’amener une lueur d’espoir à ces collègues
Eric Berton
Président de l’Université d’Aix-Marseille
Des « réfugiés scientifiques »
Le président d’AMU, qui défend au côté de l’ancien président François Hollande un statut de « réfugié scientifique », a rappelé que l’université Aix-Marseille accueillait également « 25 collègues qui viennent d’Iran, du Liban, d’Ukraine, de Palestine ».
« Au même titre qu’un opposant politique, le scientifique peut gêner le pouvoir en place, quand (celui-ci) est climatosceptique par exemple », a-t-il souligné.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son administration et des milliards de dollars en subventions de recherche ont été supprimés.
(Avec AFP)
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