Par
Emilie Salabelle
Publié le
18 juil. 2025 à 17h14
Les photos, il est vrai, sont impressionnantes. Elles montrent une marée bleue-verte de Vélib‘ entassés sur un parking, où quelques herbes folles donnent une certaine impression de délaissement. Elles ont été postées le 13 juillet 2025 sur le réseau social X, accompagnées d’un commentaire aux mots crus : « Charnier de Vélib’ en panne aux portes de Paris. Des milliers de vélos inutilisables dont l’opérateur Smovengo ne sait plus quoi faire ». Derrière cette publication, largement relayée, le compte « Agents Vélib’ en grève ! », dont la biographie indique qu’il est tenu par d’anciens salariés de JCDecaux, premier opérateur des vélos en libre-service de la Ville de Paris lancés en 2007, avant que la délégation de service public ne soit attribuée à Smovengo en 2018. Depuis, le « collectif d’agents et techniciens licenciés » se fait fort de documenter le « fiasco » Vélib’. » Alors, y a-t-il vraiment un cimetière de vélos hors d’usage, alors que de nombreux usagers constatent ces derniers mois une nette dégradation du service ?
3 000 Vélib’ ramassés dans les rues
Contactée par actu Paris, l’Agemob (ex-SAVM), l’agence qui gère les vélos partagés en région parisienne, dément tout vélo à l’abandon. Les exemplaires stockés sur le parking sont « en attente réparation » à Villeneuve-la-Garenne, « un espace spécifiquement prévu pour ce type de stockage ». Il est situé à proximité de l’un des deux ateliers de maintenance de Smovengo, le second se trouvant à Alfortville.
Les vélos visibles sur la photo ne sont donc pas des épaves dont on ne sait plus que faire. Ils ne sont même pas forcément endommagés, précise l’Agemob. « Certains ont simplement été ramassés hors station après un usage non conforme du service. Cela peut concerner des abandons liés à une absence de place dans la station d’arrivée ou des arrachages de bornes observés de manière plus fréquente depuis le printemps ». Selon l’agence, 3 000 Vélib’ ont ainsi été ramassés dans les rues ces dernières semaines, avec un phénomène de vandalisme trois fois supérieur à l’ordinaire, s’alarmait début juillet Sylvain Raifaud, président de l’Agemob. Le 14 juillet, 16 508 Vélib’ étaient disponibles en station sur une flotte globale de 20 000.
Passage obligé en maintenance
En attendant leur passage en maintenance avant la remise en service, les vélos ramassés patientent sur ce parking. « Smovengo traite environ 9 000 Vélib’ par semaine ce qui implique naturellement la présence de volumes importants en maintenance », précise l’Agemob. La maintenance en atelier n’est d’ailleurs pas majoritaire, puisque, en moyenne, 60 % des interventions se font directement sur le terrain, en itinérance.
La totalité des vélos ramassés et stockés sur les parkings font l’objet d’un contrôle complet avant d’être déployés à nouveau. « Les réparations concernent le plus souvent des ajustements techniques légers comme le réglage des freins », précise l’Agemob. Les mises au rebut, elles, restent « très marginales ». Elles concernent seulement « les cadres irréparables ». Dans ces cas, « les pièces encore fonctionnelles, y compris certains éléments de batterie, sont systématiquement revalorisées sur d’autres vélos ».
Un service très dégradé ces dernières semaines
Stations vides, vélos défaillants ou impossibles à détacher de leur borne d’accroche… Ces dernières semaines, trouver un vélo en état marche relève du parcours du combattant. « Le service fait face depuis plusieurs semaines à un niveau de dégradations inhabituellement élevé ainsi qu’à des pratiques frauduleuses bien organisées », répond l’Agemob. « Des mesures ont été prises en réponse à cette situation, notamment un renforcement des moyens mis en œuvre par Smovengo », ajoute-t-elle.
Patience donc, si vous pestez devant un nouveau Vélib’ récalcitrant. Les actions menées « portent déjà leurs fruits puisque l’on observe une amélioration ces derniers jours », assure l’Agemob, qui affiche pour objectif un retour à la normale avant la rentrée de septembre.
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