Cette recrudescence de cas est « atypique » au regard de la situation habituelle dans la métropole nantaise, souligne l’ARS des Pays de la Loire ce jeudi.

Depuis le mois de juin, « au moins 16 cas » d’infection au virus de l’hépatite A ont été recensés dans l’agglomération nantaise, rapporte l’ARS des Pays de la Loire dans un communiqué daté du 17 juillet. En dépit d’un contexte d’augmentation générale des cas en Europe, cette recrudescence en France, à l’échelle locale, reste « atypique au regard de la situation habituelle dans la région », souligne l’ARS des Pays de la Loire.

Fin juin, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) indiquait en effet une hausse inquiétante des cas d’hépatite A entre janvier et mai 2025 en Autriche, Tchéquie, Hongrie et Slovaquie, où 2097 cas ont été signalés au total. Bien que rares, ces infections ne sont pas non plus exceptionnelles en France : environ 1200 cas sont déclarés en moyenne chaque année dans l’Hexagone, selon Santé publique France. Ainsi, la recrudescence actuelle « n’est pas propre à l’agglomération nantaise », nuance le Pr Anne-Marie Roque Afonso, directrice du centre national de référence (CNR) des virus des hépatites, par lequel transitent les échantillons sanguins de tous les malades en France. Après une nette diminution des cas durant la pandémie de Covid-19 (moins de voyages dans les pays où le virus est endémique, meilleure hygiène des mains notamment), le nombre de malades est reparti à la hausse dès 2023, « avec une augmentation plus marquée en 2024 et encore plus en 2025 », poursuit la virologue. L’an dernier, en mai 2024, plusieurs collégiens scolarisés dans un collège du Havre avaient été infectés.


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L’hépatite A est une pathologie du foie, causée par un virus présent dans les selles des personnes infectées. Si d’autres virus s’attaquant au foie se diffusent par voie sanguine ou sexuelle, le virus de l’hépatite A se transmet d’une personne à l’autre par l’intermédiaire des mains, d’objets, d’aliments ou d’eau contaminés par des matières fécales. Le germe se retrouve en effet en grandes quantités dans les selles des personnes malades.

Vigilance en cas de voyages dans certains pays

L’hépatite A ne circule pas de manière endémique en France. Elle est donc souvent amenée de l’étranger par des voyageurs en provenance de régions du monde où le virus sévit : en Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient, Asie centrale et Océanie. En cas de séjour dans ces régions, l’ARS recommande de solliciter un avis médical pour une éventuelle vaccination et d’adopter une hygiène rigoureuse sur place (eau potable, cuisson complète des aliments, lavage complet des mains). Environ 40 % des personnes diagnostiquées en France déclarent ainsi un voyage récent dans un pays touché, selon les données de déclaration obligatoire. Le reste est infecté par un autre malade, ou via la consommation d’eau ou d’aliments mal cuits ou crus, en particulier les fruits de mer.

Dès qu’un cas est identifié, il est préconisé de vacciner l’entourage dans les 14 jours suivant le début des signes.

Pour comprendre l’origine des cas nantais, le CHU de Nantes et divers laboratoires privés ont envoyé des échantillons sanguins des malades. Pour l’heure, il ressort qu’il s’agit de « contextes différents », assure la Pr Anne-Marie Roque Afonso, avec « beaucoup de cas de retours de voyage » et « beaucoup de cas de personnes en situation précaires : quand on n’a pas de toilettes ou de quoi se laver les mains, on est très vulnérables ». Depuis avril, le CNR et l’ARS Pays de la Loire ont au total identifié 25 cas. « Il y a des souches très différentes. Certains sont infectés par la même souche, dans ce cas on définit des clusters », poursuit la virologue. Dès qu’un cas est identifié, il est préconisé de vacciner l’entourage dans les 14 jours suivant le début des signes. Un réflexe qu’ont encore trop peu de médecins, selon la spécialiste.

L’infection peut provoquer des symptômes digestifs (nausées, douleurs au ventre, perte d’appétit), une fatigue accrue – parfois pendant plusieurs semaines -, et dans certains cas la jaunisse. Contrairement aux hépatites B et C, l’hépatite A n’entraîne pas de maladie chronique du foie. Il n’existe pas de traitement curatif, mais dans la majorité des cas l’infection guérit spontanément et sans séquelles. Toutefois, elle peut évoluer vers une forme grave nécessitant une hospitalisation, surtout chez les personnes à risques (personnes âgées ou ayant déjà souffert d’une maladie du foie). La mortalité reste exceptionnelle (risque de décès de 1 pour 1000).

Hygiène et importance de la vaccination

L’ARS rappelle les gestes simples de prévention pour réduire efficacement le risque de contamination : se laver les mains régulièrement à l’eau et au savon, notamment avant les repas et après chaque passage aux toilettes ; laver les aliments avec une eau potable et non souillée ; éviter la consommation de fruits de mer crus ou peu cuits.


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Outre les voyageurs concernés par des séjours dans des pays où le virus circule de manière endémique, le vaccin est aussi indiqué aux enfants accueillis en collectivité, aux jeunes personnes handicapées, et aux personnes atteintes de mucoviscidose et de maladies du foie. Pour la Pr Anne-Marie Roque Afonso, il s’agirait également de « vacciner les enfants issus de l’immigration » des régions concernées, « car ils sont susceptibles de retourner voir leurs parents, leurs grands-parents, ou d’être au contact de personnes qui viennent de ces pays-là ».