Un homme âgé de 38 ans a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Toulon d’une injure à caractère antisémite proférée en fin de journée du 28 mars 2025. Il a été condamné ce jeudi à une amende délictuelle de 500 euros pour avoir traité de « sale juive » une femme dans un jardin public.
Les faits se sont produits dans le contexte d’un différend entre usagers du parc des Lices à Toulon. La victime a l’habitude d’y promener son chien, non tenu en laisse. Le prévenu y pratiquait régulièrement son jogging. Une cohabitation manifestement pas toujours facile.
» Le parc des Lices est un endroit très agréable près de la préfecture où on se promène avec ses enfants, avec ses proches… », a posé le procureur Samuel Finielz dans ses réquisitions. » On y promène ses peines aussi. »
« Quand il fait du jogging, on doit se pousser »
À la barre du tribunal, la victime, avec des cheveux gris noués en chignon, raconte combien elle était, au moment des faits, bouleversée par l’agression d’un rabbin à Orléans. Cette affaire avait défrayé la chronique quelques jours avant. « Ce soir-là, j’écoutais l’intervention du rabbin sur son agression du samedi… »
Elle évoque un contentieux ancien entre elle et le prévenu. « En mars 2021, j’ai déjà eu une altercation avec Monsieur. Quand il fait du jogging, tout le monde doit se pousser. Il nous a traités de tout, des insultes sexistes et antisémites. C’est la seule personne avec laquelle j’ai des soucis depuis six ans… »
Le 28 mars 2025, vers 18h30, les deux protagonistes se sont « crié dessus », selon un témoin qui a bien cru que le prévenu allait lever la main sur la dame. Le casque audio de la promeneuse a fini par terre (une amende contraventionnelle de 150 euros a été prononcée pour « dégradation légère »). « Mon chien n’est pas agressif, c’est un border collie. D’ailleurs il n’est même pas intervenu », tient à préciser la plaignante.
Préjugés et regrets
« À chaque fois qu’il passe, il se fait traiter de connard », plaide la défense. Lui est un commis de cuisine, en situation de handicap, âgé de 38 ans, célibataire et sans passé judiciaire. Son avocate met en avant sa peur des chiens et les lourdes séquelles neurologiques dont il souffre depuis un grave accident de la circulation (faisant deux morts) dont il a réchappé à l’âge de 9 ans.
Le trentenaire reconnaît avoir déjà eu des accrocs avec la victime. « Je lui avais demandé si par hasard elle n’est pas juive parce que ça ne se faisait pas de ne pas partager l’espace avec son chien », précise-t-il manifestement perméable aux préjugés antisémites. « Une manière de dire “fais pas ton radin » », avait-il dit aux enquêteurs.
« C’est la colère, ce sont des mots qui sont sortis sans le vouloir. Je suis quelqu’un qui respecte les religions », affirme-t-il aujourd’hui. « Je regrette ces mots, les 36 heures de garde à vue m’ont fait réfléchir ». Il devra indemniser la victime à hauteur de 350 euros pour son préjudice moral et 800 euros pour ses frais d’avocat.
Il assure par ailleurs qu’il ne fera plus son jogging au parc des Lices.