Relancé en 2023 après été mis en sourdine pendant plusieurs années, le programme Orka vise à acquérir trois nouveaux sous-marins au profit de la marine polonaise qui, actuellement, ne dispose que du seul ORP Orzeł, un navire appartenant à la classe russe « Kilo », admis au service actif il y a près de quarante ans.

Parmi les critères susceptibles d’orienter son choix, l’agence polonaise de l’armement avait indiqué que ces sous-marins devaient être capables de plonger à plus de 200 mètres de profondeur [ce qui correspond aux caractéristiques de la mer Baltique], d’engager des cibles aériennes [hélicoptères et avions de patrouille maritime], d’accueillir des commandos marine, de mettre en œuvre des véhicules sous-marins télépilotés et/ou autonomes et, enfin, de tirer des missiles de croisière.

Pas moins de onze industriels répondirent à la demande d’informations alors émise par le ministère polonais de la Défense, dont le français Naval Group, le sud-coréen Hyundai Heavy Industries, l’allemand TKMS, le suédois Saab Kockums et l’italien Fincantieri.

Depuis, ce programme suit son cours. « La phase de consultation intergouvernementale […] est actuellement en cours. […] Ce type de dialogue est un élément standard des projets menés dans un cadre intergouvernemental (G2G), où les questions industrielles, mais aussi stratégiques et politiques, sont essentielles », a fait savoir le ministère polonais de la Défense, le 6 juin dernier.

Cela étant, les rumeurs vont bon train. Ainsi, en mars, il fut avancé que l’agence polonaise de l’armement avait attribué les meilleures notes aux propositions faites par TKMS, Fincantieri [les deux proposent chacun leur version du sous-marin U212, ndlr] et Saab Kockums. Ce qui pouvait paraître curieux étant donné que ce dernier connaît des difficultés pour construire les deux sous-marins A26 destinés à la marine suédoise…

Dans le même temps, journal Rzeczpospolita affirma que la France cherchait à « court-circuiter » la procédure d’appel d’offres en proposant directement à Varsovie un accord de gré à gré portant sur la livraison de sous-marins Scorpène, dotés de missiles de croisière navals], dans le cadre d’une coopération militaire plus large.

« Des négociations entre la Pologne et la France sur l’achat de sous-marins auront bientôt lieu » et la « partie polonaise voudra obtenir les meilleures conditions de financement possibles et des coopérations plus larges dans le domaine de l’industrie de l’armement, pas nécessairement dans le secteur de la construction navale », avait écrit le quotidien.

Quoi qu’il en soit, et sans doute que cela a un rapport avec les informations de Rzeczpospolita [ou pas], le vice-ministre polonais de la Défense, Paweł Bejda, s’est récemment rendu à la base navale de Toulon pour rencontrer Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, et « visiter les navires de haute technologie de la marine française, découvrir leurs capacités opérationnelles et les solutions innovantes qu’ils mettent en œuvre ».

Selon un communiqué diffusé le 16 juillet par le ministère polonais de la Défense, la visite de M. Bejda s’est inscrite « dans le cadre des analyses et des négociations approfondies » menées au titre du programme Orka, dont, a-t-il rappelé, Naval Group est l’un des « principaux soumissionnaires ».

« La délégation polonaise a eu l’occasion de mener des entretiens de travail au cours desquels elle a notamment abordé les perspectives de transfert de technologie et l’implication de l’industrie polonaise », a poursuivi le ministère.

Lors de sa visite, M. Bejda a souligné que « les décisions relatives au programme Orka auront des conséquences à long terme sur la sécurité de la Pologne », ce qui exige une « analyse approfondie de chaque offre ».

Par ailleurs, le responsable polonais a profité de l’occasion pour signer une lettre d’intention concernant les « missiles de croisière terrestres ». Et cela alors que la Pologne est également partie prenante de l’initiative européenne ELSA [European Long Range Strike Approach], qui vise à développer une capacité de frappe dans la profondeur d’une portée de 1 000 à 2 000 km.

« La coopération dans le domaine des missiles de croisière ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrie de défense polonaise, contribuant ainsi au renforcement de la sécurité du pays », a conclu le ministère polonais de la Défense.