L’expédition avait été montée comme un conte pour milliardaire. Le 21 août prochain, les derniers rayons du soleil de minuit devaient briller sur l’archipel norvégien du Svalbard, lors de l’appareillage du Commandant Charcot. L’élégante proue bleu nuit du paquebot de croisière, le seul de sa catégorie à combiner des capacités de brise-glace avec un hébergement cinq étoiles, devait pointer plein nord, en direction du pôle, objectif du voyage. A bord, dans le salon à cigares ou dans la salle de concert, on ne devait discuter qu’en russe entre oligarques et influenceurs poutino-compatibles. Mais à un peu plus d’un mois du départ, tout s’est écroulé, face à la tenacité des habitants du Svalbard, peu enclins à héberger dans leurs hôtels des «oligarques pro-guerre», comme l’explique l’un d’entre eux.

Sur la liste des passagers phares, devait figurer la rock star du groupe Leningrad, Sergueï Shnurov, qui, depuis trois ans, écrit des chansons à la gloire du groupe Wagner ou du conglomérat d’armement Rostec, et la présentatrice télé Ksenia Borodina, plus habituée aux vacances