En ce mois de juillet, il est temps de faire le bilan de cette saison de Top 14. Chaque semaine, on présente notre classement des dix meilleurs joueurs de l’exercice 2024-2025, poste par poste. On poursuit cette revue de l’élite avec les talonneurs ! Revenu sur le devant de la scène après la blessure de Peato Mauvaka, Julien Marchand a parfaitement assumé les attentes.
#1 Julien Marchand, le retour du boss
C’est peu dire que, très longtemps, Julien Marchand a pu nourrir une certaine rancune à l’encontre de Codie Taylor. Parce que le talonneur des Blacks l’avait privé de Coupe du monde 2023 en le blessant sur un déblayage lors du match d’ouverture, d’abord. Mais surtout parce qu’après cette tuile, le Toulousain avait progressivement été relégué derrière son partenaire de club Peato Mauvaka dans la hiérarchie, tant à Toulouse qu’en équipe de France. C’est en effet en tant que finisseur que le joueur formé à Montréjeau avait participé au légendaire doublé de la saison dernière, avant d’enchaîner dans le même rôle lors des tests de novembre puis du Tournoi. En aurait-il été autrement, si Peato Mauvaka ne s’était pas blessé à l’entraînement avant la demi-finale de Champions Cup contre l’UBB ? Bien malin qui saurait le dire. Le fait est toutefois que, sans se poser de question, le Toulousain s’est réinstallé de plein droit dans la position d’un titulaire. Et qu’il fut à l’évidence un des hommes forts d’un Stade privé de nombreux cadres en cette fin de saison, conclue par le 24e Bouclier de l’histoire du club. Son cinquième personnel, déjà…
Un genou enfin soigné
Cette renaissance ? Il faudrait être bien aveugle pour l’attribuer seulement à la blessure de Mauvaka. Car ce qui a sauté aux yeux cette année, c’est que Julien Marchand a enfin eu le loisir de s’exprimer en retrouvant son meilleur niveau physique. « Je me suis fait nettoyer le genou à la fin de la saison dernière et depuis le début de celle-ci, au moins, je ne souffre plus, exprimait-il voilà quelques mois. Le simple fait de pouvoir s’entraîner sans douleur, en prenant enfin du plaisir, c’est vraiment top. » Et cela rejaillit forcément sur la qualité de prestations évidemment boostées par une concurrence terrible au poste en interne. Laquelle a également eu le mérite de permettre à Marchand de souffler quand il le fallait, avant de ré-enfiler son costume de patron au meilleur des moments.
#2 La saison de la confirmation pour Lamothe
De Maxime Lamothe, la carrière n’était jusqu’à cette saison qu’une belle promesse, nourrie de quelques exploits épars. Mais ça, c’était avant. « C’était un outsider et il est en train de devenir un vrai challenger au poste parmi les meilleurs talonneurs français, confirmait son manager Yannick Bru. Et je suis d’autant plus content pour lui que c’est vraiment quelqu’un de bien. » Solidement installé au poste de titulaire avec Bordeaux-Bègles, Lamothe fut à l’évidence un des hommes de base du beau parcours de la formation girondine, conclu par un sacre en Champions Cup et une finale de Top14, après une demi-finale d’anthologie à Lyon qui le vit inscrire la bagatelle du premier triplé de l’histoire du Top14 à ce stade de la compétition. Pas mal, après son doublé de la saison dernière contre Paris… On attend donc désormais, la saison prochaine, de le voir franchir un dernier cap.Et cela tombe bien puisque Lamothe sera mis en concurrence en club avec Gaëtan Barlot. De quoi le booster dans sa quête du plus haut niveau ou au contraire le freiner?On le saura très vite…
Maxime Lamothe a une nouvelle fois été l’un des hommes forts de l’UBB.
Icon Sport – FEP
#3 Mauvaka : le 6 Nation en étendard
Certes, lors d’un entraînement avec Toulouse le 29 avril en préparation de la demi-finale de Champions Cup contre l’UBB, il a été victime d’une rupture des ligaments croisés d’un genou qui l’a privé des moments les plus croustillants de la saison. Toutefois, au moment de dresser le bilan, il paraissait tout bonnement impossible de faire disparaître Peato Mauvaka de notre classement, ne serait-ce que parce qu’il fut le titulaire du poste en équipe de France pendant l’intégralité des tests de novembre et du Tournoi des 6 Nations, participant amplement au succès final du XV de France. Au vrai, s’il peut parfois lui être reproché de se montrer « gourmand » en tentant des gestes techniques pas toujours à propos, Mauvaka semblait toucher, à 28 ans, le pinacle de sa carrière. Son retour de blessure sera particulièrement guetté, sachant que la nouvelle concurrence qui va s’installer du côté de Bordeaux-Bègles pourrait bien rebattre quelques cartes…
Malgré sa blessure, Peato Mauvaka a marqué les esprits.
Sportsfile / Icon Sport – David Fitzgerald / SPORTSFILE
Les surprises : Sa, Martin, Lacombre : la nouvelle vague
Si la hiérarchie au poste de talonneur est bien installée depuis quelques saisons au plus haut niveau, une nouvelle génération est progressivement en train de s’abattre sur le Top14, bien décidée à prendre progressivement le pouvoir. Ainsi, du côté de l’UBB, on a observé avec une grande attention l’éclosion du solide Connor Sa, qui a été capable de gagner sa place lors des matchs décisifs. Reste à savoir comment celui-ci réagira face à la concurrence de GaëtanBarlot la saison prochaine, et s’il parviendra à régler la mire au niveau de son lancer en touche, dernier cap à franchir dans sa progression.
Le même constat peut être appliqué au Clermontois Barnabé Massa qui, pour sa première saison de Top14 en provenance de Grenoble (20 matchs dont 9titularisations), a démontré de belles qualités d’explosivité, notamment au moment de conclure les ballons portés chers à Christophe Urios. Ne reste plus au Drômois d’origine qu’à franchir un palier en termes de régularité, s’il souhaite prendre le meilleur sur Etienne Fourcade qui lui a logiquement été préféré sur les gros matchs.
Arrivé à Bayonne en provenance de Provence Rugby, Lucas Martin s’est quant à lui affirmé comme une future valeur sûre de l’élite. Enfin, du côté de Toulouse, on attend avec impatience de voir Thomas Lacombre (21ans) confirmer sur le terrain les belles dispositions qu’il affiche lors des entraînements, son premier objectif consistant à devancer, dans la hiérarchie interne, Guillaume Cramont, qui a bien tenu la barque pendant les doublons. Toutefois, puisqu’il s’agit ici de ne pas se cantonner seulement à la jeunesse, on notera le joli rebond à Lyon de Camille Chat, qui demandera toutefois confirmation la saison prochaine.
Les déceptions : la stagnation de Tarrit, les démons de Latu
Alors que les deux premières saisons de Jannick Tarrit au Racing 92 avaient fait naître de jolies promesses, jusqu’à lui permettre de s’envoler pour l’Argentine l’été dernier.Force est de constater que l’ancien Neversois ne les a pas confirmées.Faut-il y voir les conséquences de sa mise à l’écart en début de saison pour un écart de conduite avec Camille Chat?Le fait est que Tarrit a signé une saison en deçà de ses standards et se doit une revanche dès la rentrée. Enfin, du côté de La Rochelle, difficile de ne pas évoquer le cas de Tolu Latu. Destiné à occuper le poste de titulaire après la grave blessure de Pierre Bourgarit (victime d’une fracture de la jambe et absent quasiment six mois, ce qui explique son recul dans notre classement), le Samoan a davantage brillé par ses errances (notamment en termes de discipline) que par ses qualités de joueur, pourtant indéniables. Le constat est à peu près similaire en ce qui concerne le Clermontois Folau Fainga’a, monstre de dynamisme et de puissance, mais qui peine à évoluer à son plein potentiel au sein d’un collectif.
Le classement complet
Toulouse-Né le 10/05/1995 ; 1,81 m – 110 kg
Temps de jeu : 1 321 minutes – Points : 35-Sélec.: 45
UBB-Né le 03/10/1998 ; 1,84 m – 109 kg
Temps de jeu : 1 482 minutes – Points: 40
Toulouse-Né le 10/01/1997 ; 1,81 m – 112 kg
Temps de jeu : 982 minutes – Points : 35-Sélec.: 42
Castres-Né le 13/04/1997 ; 1,84 m – 107 kg
Temps de jeu : 1 606 minutes – Points : 10-Sélec.: 11
Bayonne-Né le 08/08/1991 ; 1,80 m – 102 kg
Temps de jeu : 1 255 minutes – Points : 15-Sélec.: 12
Toulon-Né le 02/09/1998 ; 1,84 m – 109 kg
Temps de jeu : 1 374 minutes – Points : 15-Sélec.: 3
Lyon-Né le 05/06/1998 ; 1,83m – 102 kg
Temps de jeu : 944 minutes – Points: 30
Montpellier-Né le 24/01/1997 ; 1,89 m – 122 kg. Temps de jeu : 1 122 minutes – Points: 35-Sélec.: 19
Clermont-Né le 11/04/1997 ; 1,80 m – 103 kg
Temps de jeu: 795 minutes – Points: 25
Toulouse-Né le 29/12/2000 ; 1,82 m – 107 kg
Temps de jeu: 780 minutes – Points: 35
La Rochelle – Né le 12/09/1997 – 1,84 m ; 105 kg. Temps de jeu: 495 minutes – Points: 15 – Sélec.: 16
Le chiffre : 179
Le nombre de lancers réussis cette saison par le Toulonnais Teddy Baubigny. Aucun joueur de Top14 n’a fait mieux cette saison. L’ancien Racingman peut également se targuer d’un taux de réussite supérieur à 80%, dans la moyenne (très) haute du Top14.