Annoncé en 2014, le rapprochement du français Nexter Systems avec l’allemand Krauss-Maffei Wegmann s’est traduit par la création d’une holding, appelée KNDS, détenue à parts égales par l’État français et la famille Bode-Wegmann. Ce qui fait sa structure capitalistique est « hybride » dans le mesure où se côtoient des intérêts privés et publics.
En mars, l’agence Reuters a rapporté que KNDS envisageait une introduction en Bourse afin de profiter de l’engouement des investisseurs pour les valeurs liées à l’industrie de l’armement. Du moins était-ce en partie vrai…
En effet, la famille Bode-Wegmann, propriétaire de KNDS Deutschland [ex-Krauss-Maffei Wegmann], entend céder une partie de sa participation de 50 % au sein de KNDS. Or, pour cela, deux solutions s’offrent à elle : un introduction en Bourse ou le rachat de ses parts par un ou plusieurs tiers. Dans un cas comme dans l’autre, cela ne peut qu’avoir des conséquences sur KNDS France.
Étant donné que la parité entre Français et Allemands doit être scrupuleusement respectée, pour qu’une introduction en Bourse soit possible, il faudrait que les deux actionnaires de KDNS conviennent de se séparer du même pourcentage de parts qu’il détiennent l’un et l’autre.
Or, selon la presse d’outre-Rhin, la famille Bode-Wegmann souhaiterait se désengager à hauteur de 12,5 %. Ce qui veut dire que Paris devra en faire autant. Étant donné que KNDS est valorisé à 20 milliards d’euros, le gouvernement français pourrait être enclin à accepter une telle opération, d’autant plus qu’elle lui rapporterait 2,5 milliards d’euros.
De son côté, rapporte le journal « Börsen-Zeitung », son homologue allemand envisagerait une « prise de participation minoritaire de blocage », à hauteur de 25,1 %, auprès de la famille Bode-Wegmann.
Quoi qu’il en soit, une introduction en Bourse de KNDS ne peut qu’intéresser Rheinmetall, fort de son solide chiffre d’affaires et de son carnet de commandes évalué à plus de 55 milliards d’euros.
« Si KNDS entre en Bourse et qu’une opportunité se présente pour faire quelque chose, alors nous la saisirons », a d’ailleurs prévenu Armin Papperger, son PDG. Et cela alors que, en 2018, le groupe de Düsseldorf avait fait de l’acquisition d’une participation majoritaire au capital de KNDS un objectif à long terme.
Si l’hypothèse d’une introduction en Bourse est écartée, alors Rheinmetall pourrait arriver en partie à ses fins en reprenant les parts dont la famille Bode-Wegmann entend se séparer. D’autres acteurs sont sur les rangs, notamment les fonds allemands de gestion de patrimoine et les sociétés d’investissement.
Cela étant, l’agence Bloomberg a évoqué une troisième possibilité. Si les deux premières n’arrivaient pas à se concrétiser, alors la famille Bode-Wegmann irait jusqu’à envisager le démantèlement de KNDS afin de se soustraire aux règles édictées au moment de la création de la holding. En clair, Français et Allemands reprendraient ainsi chacun leurs « billes »… et le projet de Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System] pourrait en souffrir…
« Cette option n’est actuellement considérée que comme une solution de repli. Mais elle pourrait être favorisée par certains parlementaires et syndicalistes allemands », avance Bloomberg.
En attendant, cette question devrait être abordée lors de la rencontre entre le président Macron et le chancelier allemand, Friedrich Merz, prévue le 23 juillet prochain. Le sujet de la gouvernance du SCAF [Système de combat aérien du futur] devrait l’être également.