Motion de défiance contre la présidente de la Commission européenne, immigration, droits de douane et guerre en Ukraine, l’eurodéputée et présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen, Valérie Hayer nous livre ses attentes pour la rentrée.
Le 10 juillet, Ursula von der Leyen a échappé à une motion de défiance. Si Valérie Hayer ne l’a pas votée, elle regrette fortement «un dysfonctionnement majeur aujourd’hui, tant au Parlement européen qu’à la Commission européenne, avec une tentation de la droite de faire des deals de plus en plus souvent avec l’extrême droite». Cette non-censure n’est donc pas un chèque en blanc à la présidente de la Commission pour la suite : «J’ai demandé des engagements tant à Ursula von der Leyen qu’à Manfred Weber – le président du groupe de la droite – sur deux choses : meilleure coopération et liste de priorités politiques que nous partageons».
Au sujet de l’affaire de détournement de fonds au Parlement européen d’un montant de 4,3 millions d’euros par le Rassemblement national et ses anciens alliés d’extrême droite, la présidente du groupe Renew Europe estime que chacun doit prendre ses responsabilités : «Jordan Bardella tente une nouvelle fois de se victimiser, mais chaque groupe politique est censé être soumis et se soumettre à des audits. Chacun devra assumer ses responsabilités».
Alors que la guerre en Ukraine s’intensifie avec l’utilisation de drones par la Russie, Donald Trump lors d’une rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, annonce que les États-Unis enverront de nouvelles armes à l’Ukraine via l’OTAN. L’Eurodéputée salue le revirement du président américain en faveur des Ukrainiens : «Donald Trump réalise enfin quel est le vrai visage de Vladimir Poutine», avant d’émettre une certaine réserve : «on est habitué à des revirements avec Donald Trump».
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Face à l’échéance du 1er août et au 30% de droits de douane annoncés par le président américain, l’Europe prévoit une série de représailles commerciales à hauteur de 72 milliards d’euros. Mais pour Valérie Hayer, «personne n’a intérêt à une guerre commerciale». La présidente du groupe Renew se dit en faveur de négociation mais pas prête à céder sur tout : «S’il n’y a pas d’atterrissage possible, il faut mettre en place ces mesures de rétorsion. Je crois que Donald Trump ne comprend que le rapport de force». Elle rappelle aussi la force et le dynamisme du marché européen : «Donald Trump doit comprendre qu’on ne va pas se laisser marcher dessus, qu’on a des outils. On a un marché de 450 millions de consommateurs très intéressant pour les entreprises américaines».
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Face à une escalade du conflit au Moyen-Orient, Valérie Hayer souhaite que l’Union européenne prenne pleinement part aux négociations : «Il faut que la voix de l’Union européenne pèse. Il faut qu’on puisse avancer sur cette solution à deux États pour qu’on ait une reconnaissance de l’État palestinien et aussi pour faire pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu». Mais pour elle «l’important, c’est d’assurer la sécurité des Israéliens, des Palestiniens et la stabilité dans cette région.»
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Sur la question migratoire, la présidente du groupe Renew adopte une position nette : «La première chose, c’est d’appliquer le pacte asile et migration». Elle souhaite que les Vingt-Sept se mettent autour de la table et travaillent à des «solutions crédibles car il faut aussi, je crois, pouvoir avoir un débat apaisé sur la migration légale de travail parce qu’on a aussi un enjeu démographique en Europe». Elle n’est, par ailleurs, pas convaincue par la liste de «pays sûrs» où l’UE pourrait renvoyer les migrants illégaux, établie par la Commission européenne et entend «renforcer les partenariats avec les pays d’origine, avec l’Afrique : plus on s’engagera politiquement, plus on accompagnera financièrement le développement de ces pays d’origine, mieux on régulera les flux migratoires». Elle regrette d’autant plus que ce dossier ait été bloqué «de façon tout à fait démagogique» par une alliance de la droite et de l’extrême droite.