Dans le ciel de La Crau, chemin de la Navarre, des avions, planeurs, hélicos, dessinent des arabesques gracieuses, portés par un simple souffle électrique. Au sol, les visages sont concentrés et joyeux. Pourtant, une ombre plane sur le terrain de l’Aéromodélisme Craurois Provence Méditerranée (ACPM 83). Une date butoir: le 31 décembre 2026. D’ici là, le club et sa soixantaine de passionnés devront avoir trouvé une nouvelle piste. « Nous avions déjà été délogés du Plan de La Garde. Nous sommes ici depuis onze ans, mais notre convention d’occupation arrive à son terme et n’a pas été renouvelée », explique Olivier Mismer, président de l’association. Cela place le club dans une situation délicate, car trouver un nouveau terrain n’est pas simple.
« Un jouet XXL »
Emmanuel Crespeau, le trésorier, se souvient: « Quand nous sommes arrivés, ce n’était qu’une décharge remplie avec les remblais ». Avec de l’huile de coude, 6.000 euros de leur poche et des travaux de terrassement colossaux, ils ont transformé ce lieu en une piste impeccable. « Il faut bien comprendre que si on trouve un terrain demain, il nous faudra du temps pour le mettre en conformité et le sécuriser. C’est pour ça qu’on s’y prend maintenant », insiste le président. L’équation est précise : un hectare, une piste d’au moins 100 mètres, et surtout, un emplacement à 250 mètres de toute habitation, comme l’exige la réglementation. Un défi dans une aire toulonnaise de plus en plus urbanisée.
En les regardant piloter, une manette à la main, les yeux rivés vers le ciel, on comprend vite ce qui les anime. « C’est un jouet XXL, on a tous gardé une âme d’enfant, lance un membre en souriant. Un jouet technologique avec certains modèles avoisinant les 3.000 euros. Mais la passion, n’a pas de prix, et surtout, elle est silencieuse. C’est le point d’honneur du club. Quand nous nous sommes installés ici, la contrainte était de ne pas créer de nuisance sonore. On a donc fait le choix du tout électrique, raconte Olivier Mismer.
Fini les moteurs thermiques bruyants et polluants. L’ACPM 83, fort de ses 68 licenciés venus d’un rayon de 25 km, cultive la transmission. Le secret? « L’écolage ». C’est une auto-école pour l’aéromodélisme, détaille Emmanuel. On utilise deux radios: une pour le maître, une pour l’élève. Si l’élève fait une erreur, le moniteur reprend la main pour éviter la casse. Une méthode qui permet aux débutants de se lancer en toute sécurité. Avions de voltige, maquettes de reconstitution historique, hélicoptères, moto-planeurs et même quelques drones… il y en a pour tous les goûts. Aujourd’hui, ces passionnés lancent un appel pour trouver une solution et continuer à faire voler leurs rêves.
Contact: presidentacpm83@gmail.com.