C’est accompagné d’une pléiade d’élus et institutionnels – le directeur du centre hospitalier intercommunal de Toulon La Seyne (Chits) Yann Le Bras, le préfet Simon Babre ou encore la maire (SE) de Toulon Josée Massi, pour ne citer qu’eux – que le ministre de la Santé et de l’accès aux soins, Yannick Neuder, a visité ce vendredi les locaux de l’hôpital Sainte-Musse.

Une déambulation d’une heure durant laquelle ce dernier a d’abord rencontré le personnel du Samu et du Service d’accès aux soins (SAS), où il a notamment été alerté par une standardiste sur la population varoise vieillissante et le manque de moyens humains. « On a eu quatre appels d’Ehpads en une heure », souffle-t-elle. Un constat partagé par le SAS, qui recense 1 200 appels quotidiens, sans pouvoir toujours donner suite. Un agrandissement commun des deux services est prévu pour début 2027, avec 12 postes supplémentaires et une surface qui va passer de 138 à 296m².

« Tous responsables » face aux problèmes de budget

Avant de conclure sa visite au service cardiologie, Yannick Neuder s’est rendu au service d’accueil des urgences et ses 50 000 passages annuels, en difficulté face à l’afflux de patients durant la période touristique. « On sera toujours sur tous les fronts, promet un cadre, mais il ne faut surtout pas réduire les budgets. » Cependant, trois jours après les annonces du Premier ministre Bayrou, qui intime les Français à la « responsabilisation », afin de réduire les dépenses de santé de 5 milliards d’euros (en particulier via le déremboursement de certains soins et médicaments), apporter de nouveaux moyens n’est pas à l’ordre du jour : « Ces annonces étaient nécessaires. Les difficultés budgétaires du pays nous rendent tous responsables. Je ne suis pas persuadé que plus on met d’argent, mieux on est soigné. Le but n’est pas de faire de l’économie sur le dos de la santé mais de voir quelles réorganisations peuvent se faire », a annoncé le ministre, en vertu de plusieurs leviers à activer : « Éviter le gaspillage et les examens redondants, rappeler les mesures de prévention comme la vaccination. On lance une campagne contre la méningite à la rentrée dans les collèges, et contre le papillomavirus, éradiqué dans plusieurs pays. »

Malgré un personnel médical obligé de rogner sur la qualité du soin pour répondre à l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam), au sein d’un hôpital sous plan blanc depuis le 8 juillet, son directeur, Yann Le Bras, en appelle lui aussi à « la pertinence des soins et organisations. Ce n’est pas moins soigner, mais soigner par de nouvelles organisations. On peut toujours s’adapter, innover, faire mieux. » Pour autant, il reconnaît « que ça ne suffit pas, il faut aussi des renforts d’effectifs. On a créé 160 postes depuis 2019. Les moyens ont été au rendez-vous. »

Parmi les adaptations, le recours aux nouvelles technologies et en particulier à l’intelligence artificielle a été largement évoqué, et pourrait « s’appliquer dans deux champs essentiels : l’aide au diagnostic en radiologie ou cardiologie par exemple, et sur des champs d’usage, pour diminuer de 10 à 15 minutes les tâches administratives au profit des patients. Cela redonnerait du sens et de l’attractivité à nos métiers », veut croire Yannick Neuder, qui répète cependant que « l’IA n’est pas vouée à remplacer les soignants et doit être bien utilisé. » Le ministre de la Santé s’est ensuite rendu à Pierrefeu visiter les unités psychiatriques de l’hôpital, principal poste de dépense de santé (23 milliards d’euros par an). Et qui manque cependant encore de moyens, eu égard à l’explosion des prises en charge : +246% pour les 10-14 ans, +163% pour les 15-19 ans et + 106% pour les 20-24 ans entre 2010 et 2019 selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Pas un temps à faire des coupes, donc.