L’Organisation mondiale de la santé recommande désormais l’utilisation du Lénacapavir, un traitement préventif contre le VIH. Administré sous la peau, ce médicament représente une avancée prometteuse dans la lutte contre la transmission du virus.
Dans un communiqué de presse, l’OMS qualifie le Lénacapavir « d’étape cruciale » dans la prévention du VIH. Il s’agit du premier traitement préventif injectable à action prolongée administré seulement deux fois par an.
« Pour la première fois, nous avons un instrument qui peut changer le cours de l’épidémie de VIH », a affirmé Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Global Fund). L’annonce a été faite jeudi à Kigali, au Rwanda, lors de la clôture de la 13e Conférence de la Société internationale sur le sida.
Un nouveau cap dans la prévention
« Ce n’est pas qu’une avancée médicale, mais aussi une avancée politique », explique dans l’émission Forum de la RTS Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH/sida aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Car cette reconnaissance officielle par l’OMS ouvre la porte à des accords négociés, à la fois avec « le fabricant et avec des producteurs de génériques qui pourront désormais le fabriquer », ajoute-t-elle.
Le Lénacapavir fait partie de ce qu’on appelle la PrEP, ou prophylaxie pré-exposition. Il s’agit d’un traitement destiné aux personnes séronégatives mais exposées à un risque d’infection par le VIH. En Suisse, la PrEP se prend aujourd’hui sous forme de comprimés quotidiens. Le Lénacapavir, lui, est une version injectable à action prolongée, qui ne nécessiterait qu’une injection tous les six mois.
Pour Alexandra Calmy, le nouveau traitement représente une avancée majeure: « Ce n’est pas un vaccin, mais c’est en tout cas la solution la plus proche d’un vaccin que l’on n’ait jamais eue. »
Le vaccin, un horizon encore à atteindre
Puisque le Lénacapavir agit comme une barrière chimique et non comme un stimulant du système immunitaire, sa protection est moins durable. C’est pourquoi, selon Alexandra Calmy, « cela vaut la peine de poursuivre la recherche: un vaccin ce n’est pas la même chose ».
« Le vaccin, lui, pourrait avoir un impact en santé publique plus durable et plus large. Une fois administré, il protège pendant plusieurs années. Il n’est donc plus nécessaire de chercher en permanence les personnes à risque pour leur proposer un traitement », précise-t-elle.
Un traitement prometteur, mais à quel prix?
Alexandra Calmy appelle la Suisse, ainsi que les pays les plus touchés par le VIH, à négocier l’accès au Lénacapavir. Non pas parce que la molécule est plus puissante, mais parce qu’elle réduit le risque d’oubli. Une injection tous les six mois suffit, là où la PrEP orale impose une prise quotidienne. « On la prend deux fois par an et ensuite on n’a plus à s’en soucier », souligne la scientifique.
Le prix du nouveau traitement, le Lénacapavir, soulèvera néanmoins plusieurs questions. Aux Etats-Unis, son coût s’élève à 28’000 dollars par an et par patient, un montant qui contraste fortement avec celui de la PrEP orale actuellement disponible en Suisse, qui revient à environ 70 francs par mois.
Propos recueillis par Mehmet Gultas et Julien Bangerter
Adaptation web: Miroslav Mares