Un enfant qui déambule sans surveillance dans le service et entre dans la chambre de bébés très fragiles, un service insuffisamment sécurisé, une surveillance trop distante… La famille de la petite Zayneb, nourrisson prématuré retrouvé blessé au sol dans un service de néonatalogie du CHU de Lille et décédé quelques jours plus tard, cherche à comprendre ce qui a mené au drame. Elle dit avoir constaté des anomalies « concernant la sécurité de l’hôpital Jeanne de Flandre », la maternité du CHU. Elle appelle donc toute famille ayant constaté des éléments similaires à témoigner.

Vendredi, une semaine après la découverte du bébé au sol, la procureure Carole Étienne a indiqué que Zayneb était morte d’un traumatisme « compatible avec une chute » et confirmé qu’un enfant avait été vu près du berceau au moment des faits. Les faits se sont déroulés le 11 juillet, en fin de matinée, au sein du service de néonatologie de l’hôpital Jeanne de Flandre, l’une des principales maternités de la région. La petite fille, née à 7 mois en demi de grossesse, est décédée mardi.

« Il fallait qu’elle surveille son enfant »

La procureure a confirmé les déclarations de la famille du nourrisson, qui a pointé le comportement perturbateur du frère d’un autre bébé hospitalisé dans le service, et indiqué qu’un « enfant de six ans, membre d’une autre famille, a effectivement été vu à proximité du berceau et de l’enfant au sol ». L’enquête ouverte pour « recherche des causes de la mort » se poursuit.

Les jours précédents, « le grand-père maternel (de Zayneb) est allé voir la maman du petit garçon à deux reprises pour lui indiquer qu’il fallait qu’elle surveille son enfant », rapporte Mme Farhi. La veille du drame, la mère de Zayneb l’avait retrouvée sans sa couche ni son matériel médical, mais le personnel avait répondu à ses interrogations qu’elle avait dû les enlever toute seule.

« Un événement exceptionnel particulièrement grave »

Elle souligne que « le personnel médical avait été prévenu » du « comportement anormal depuis plusieurs jours » du garçonnet, déjà vu à proximité de la petite Zayneb, « qu’il appelait ma poupée ». « Ce que ne veut pas la maman », une jeune femme de 23 ans dont Zayneb était le premier enfant, « c’est qu’on pense qu’elle a laissé son enfant sans surveillance » alors qu’« elle l’a confié au personnel hospitalier » pendant qu’elle réalisait les formalités pour sa propre sortie de l’hôpital, dans un autre service, insiste la cousine.

Le centre hospitalier, évoquant dans un communiqué de presse mercredi « un événement exceptionnel particulièrement grave et bouleversant », a strictement limité les visites en néonatologie. Désormais, seuls les parents peuvent rendre visite aux bébés qui y sont hospitalisés, des mesures « maintenues tant que nécessaire » a précisé l’hôpital. Une enquête administrative interne est également en cours, qui devrait aboutir d’ici deux semaines.

« Plus jamais » ça

La famille du nourrisson, qui ne sait pas encore si elle portera plainte, a appelé l’hôpital à « assumer sa responsabilité » pour que « cela n’arrive plus jamais ». Le livret d’accueil du CHU stipule que dans l’unité de néonatalogie, « les frères et soeurs sont admis mais doivent être accompagnés et surveillés ». « On ne peut pas accepter que (…) ça devienne un enfant livré à lui-même et que ni le personnel soignant ni l’hôpital n’est responsable », estime Mme Farhi, évoquant la possibilité d’un système de garde.

Des délégués syndicaux ont réclamé une réunion extraordinaire de la commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) de l’hôpital « pour parler du contexte du service à ce moment-là et pendant les semaines qui précédaient », a indiqué une source syndicale, ajoutant : « on attend toujours ».