Par
Maréva Laville
Publié le
19 juil. 2025 à 6h08
C’est une page qu’il faut tourner deux fois plutôt qu’une tant le changement est grand. À Toulouse, l’emblématique Kiosque du Grand Rond, situé sur les allées François Verdier, n’est plus. L’enseigne est tombée pour laisser place uniquement à sa date d’ouverture : 1984, dans un kiosque à journaux. « Je ne veux pas mettre de nom. J’aimerais que ce soit connu via le bouche-à-oreille », déclare Patrick Elkaim, le repreneur. Il ne part pas de zéro. Ici, sur les allées, la réouverture du Kiosque, fermé pendant plusieurs mois, était guettée. Notamment par les habitués.
Une guinguette raffinée pour remplacer l’ancien Kiosque
Dehors, les quelques chaises d’autrefois se sont multipliées. À présent, la terrasse offre jusqu’à une cinquantaine de places « avec un mobilier neuf et joli » et des guirlandes lumineuses, avance Patrick Elkaim. Illustration d’un concept bien différent de celui qui a fait du Kiosque du Grand-Rond, une institution à Toulouse.
Exit la « cantine vietnamienne », où bò búns, nems, bánh mì et pho se mangeaient sur le pouce, pour une poignée d’euros. Aujourd’hui, celui qui a remporté l’appel à projets lancé par la mairie de Toulouse (propriétaire du Kiosque) en fin d’année dernière pour louer le local de 4 m² pendant cinq ans, joue la carte 100 % toulousaine : « Je veux que ce soit une guinguette raffinée », assure Patrick Elkaim.
L’ambiance se veut guinguette au kiosque des allées François Verdier à Toulouse. (©Maréva Laville / Actu Toulouse)De la cuisine inspirée des plus grands « avec des prix plus bas »
Sur la carte, seuls un bò bún et quelques nems font écho aux pionniers de la cuisine vietnamienne à Toulouse. Pour le reste, le changement est complet. Rillettes de sardine, tomate et burrata, salades, anchois, œufs, mimosas, viandes « de qualité », bouteilles de rosé Minuty…
« Je suis un vrai Toulousain qui connaît les meilleures tables de la Ville. Mon souhait, c’est de proposer cette cuisine, avec d’excellents produits et d’excellents vins, dans un cadre cosy, servi à table, mais avec des prix plus bas », explique le gérant, qui change régulièrement la carte de la guinguette.
Florilège de critiques pour les habitués de l’ex-kiosque
Des tarifs plus bas qu’un restaurant, mais plus élevés que ceux qu’ont connus les fidèles de l’ex-Kiosque. En avis Google, ils ne cachent pas leur déception.
« Très déçus depuis le changement de propriétaires. Les prix ont fortement augmenté. On y trouve même des frites… rien à voir avec la cuisine vietnamienne authentique que nous appréciions » ; « Quelle tristesse. D’être un des meilleurs endroits pour manger asiatique avec une équipe et une cuisine au top… Aujourd’hui, de la cuisine quelconque a des prix exagérés. Le demi de bière à 4 euros servi dans un gobelet en carton…. Revenez les Asiatiques pleaaaase » ; « Client de la première heure, je suis très étonné de ce que je trouve dans ma poche à emporter. Loin le temps des portions généreuses et gourmandes préparées sur place. Déçu un jour, déçu toujours ! »
Depuis son ouverture, en juin 2025, la nouvelle guinguette des allées François-Verdier peine à faire l’unanimité. Ferait-elle les frais d’une comparaison malvenue ? Les prix du Kiosque avaient déjà connu une hausse avec la reprise du commerce par le fils de la famille Huynh, qui a d’ailleurs ouvert d’autres restaurants dans la Ville rose et racheté un laboratoire traiteur pour en faire la centrale de production du Kiosque. Inflation certainement. Mais « qualité et salariat », assurément, abonde son successeur Patrick Elkaim.
Le choix du frais tous les jours et de l’ouverture en continu
« On a une burrata magnifique, avec une excellente tomate cœur-de-bœuf. Nos nouilles sont sautées dans une bonne huile d’olive qui vient d’Italie. Nos frites revisitées sont maison. Ma viande est d’excellente qualité, regardez la couleur de ces merguez ! Je ne cherche pas à faire du chiffre, je ne suis pas diamétralement opposé aux prix qui se pratiquent », se défend Patrick Elkaim.
Car malgré tout, pour offrir ces « produits frais tous les jours », le gérant de la nouvelle guinguette a dû « refaire tous les aménagements du kiosque qui n’étaient pas adaptés au frais ». Il a également embauché cinq à six salariés pour faire tourner son tout premier commerce de bouche du matin jusqu’à tard le soir.
La carte change régulièrement pour proposer des produits frais. (©Maréva Laville / Actu Toulouse)
La guinguette est ouverte dès 8h30 pour le café et petit déjeuner et en continu jusqu’à 1 heure du matin. De quoi laisser le temps aux nostalgiques désabusés de se refaire à une nouvelle adresse qui en a déjà séduit d’autres. « J’ai notamment une grande clientèle féminine, qui aime manger quelque chose de bon, goûteux sans se sentir lourd à la reprise du travail », assure Patrick Elkaim.
Ce jeudi 17 juillet 2025 midi, il a servi une centaine de commandes. Preuve que le mythique kiosque du Grand-Rond a de quoi poursuivre son histoire…
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