Une belle surprise. En 2022, Yann Guellec entamait les travaux dans son magasin de cigarettes électroniques situé place Sainte-Anne à Rennes lorsqu’il a découvert une oeuvre d’Isidore Odorico. « Je voulais remettre à neuf le mur du fond de la boutique. C’est à ce moment-là que j’ai aperçu la mosaïque qui se cachait derrière », raconte le gérant de Class’Clope.

À l’intérieur de l’échoppe, un autre mur est décoré de cette mosaïque bleue, prenant la forme de vagues. Elle avait été pensée par Isidore Odorico pour l’ancienne poissonnerie qui occupait ces mêmes locaux dans les années 1930.

Crabe en mosaïque

Lorsque la poissonnerie a baissé ses rideaux dans les années 1995, une autre oeuvre similaire avait déjà été trouvée. Daniel Enocq, spécialiste des mosaïques Odorico, était sur place. « L’oeuvre qui représente un crabe avait été cachée au sous-sol du magasin. Elle était positionnée sur l’étal à poisson ». Dans la foulée de cette découverte, Daniel Enocq contacte le musée de Bretagne afin que la mosaïque y soit conservée.

Encore plus étonnant, ce décor marin est une inspiration d’un projet qu’Isidore Odorico avait réalisé à Saint-Nazaire. « Il avait confectionné plusieurs mosaïques pour un paquebot de luxe, dans le même esprit que celles qui ont été trouvées dans ce magasin place Sainte-Anne », explique Daniel Enocq.

Isidore Odorico avait réalisé un crabe en décoration de l’ancienne poissonnerie.Isidore Odorico avait réalisé un crabe en décoration de l’ancienne poissonnerie. (Photo Daniel Enocq)

Visite de curieux

Au 7 place Sainte-Anne, la découverte a attiré de nombreux clients selon Yann Guellec. « Chaque jour, les personnes qui rentrent dans le magasin nous parlent de ce patrimoine de la ville. Nous avons même été contactés par des écoles pour organiser des visites dans la boutique ».

En s’installant dans la boutique, Yann Guellec a fait le choix de laisser toutes les mosaïques apparentes. « C’était compliqué pour mettre en place, car nous ne pouvions pas mettre les étagères n’importe où et cacher ces œuvres ». Une fois l’aménagement terminé, le gérant n’a pas regretté son choix. « Au départ nous avions peur de nous lasser de ce décor mais aujourd’hui il s’intègre très bien ».

De nouvelles mosaïques ?

Mosaïstes italiens du XIXe siècle, les Odorico s’étaient installés à Rennes et avaient décoré la ville de leurs œuvres. « Dans la deuxième moitié du XXe siècle, les mosaïques n’étaient plus au goût de certains qui préféraient de nouvelles constructions, certaines ont donc été recouvertes ou cachées », développe Daniel Enocq.

À l’hôtel Garden à Rennes, un sol en mosaïque signé Odorico a récemment été découvert.À l’hôtel Garden à Rennes, un sol en mosaïque signé Odorico a récemment été découvert. (Photo Daniel Enocq)

C’est lors de travaux de rénovation que plusieurs d’entre elles ont été réhabilitées. « Récemment des mosaïques ont été découvertes au bar Le Hibou ou encore à l’hôtel Garden ». Et la chasse aux trésors est sûrement loin d’être finie. « Il est tout à fait possible que l’on continue de trouver d’autres mosaïques Odorico à Rennes, que ce soit chez les particuliers ou dans des endroits publics ».