Voici les points qui font craindre un recul environnemental au sein de la proposition budgétaire de la Commission.
Moins de budget pour le climat
L’objectif global de dépenses pour le climat et l’environnement est d’au moins 35 % (soit 700 milliards d’euros) du montant total du budget, indique la Commission. Selon Jean-Luc Crucke, c’est « une baisse de plus de 50 milliards d’euros en termes réels, alors que la transition climatique exige aujourd’hui plus d’ambition et de moyens, pas moins ». Une baisse du financement qui va à l’encontre des conclusions du dernier examen de la mise en œuvre environnementale de l’UE (datant du 7 juillet), selon lequel l’argent engagé par les Vingt-sept ne suffit pas à respecter les engagements environnementaux qui ont été pris.
La Commission veut aussi mettre en place un système de suivi amélioré, pour évaluer le montant des dépenses du budget de l’UE consacrées aux priorités vertes. « Cela renforcera le lien entre « combien nous finançons » et « quels résultats nous avons obtenus », indique l’exécutif européen. Le but est de pouvoir déterminer la part du budget qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La suppression du programme Life
Dans le précédent budget, on retrouvait le programme Life (en vigueur depuis 30 ans), seul instrument de financement de l’UE consacré spécifiquement à la préservation de la biodiversité et à l’action climatique. Ce programme a été absorbé dans un Fonds européen de compétitivité plus large au sein de la mouture proposée par la Commission pour 2028-2034. Wetlands International, craint que le nouveau budget européen augmente encore la perte de zones humides, dont 20 % pourraient disparaître d’ici 2050 si aucune action décisive n’est prise. Selon cette organisation internationale à but non lucratif, qui s’occupe de la restauration des zones humides, ces dernières « sont bien plus que de beaux paysages : ce sont des écosystèmes vitaux qui régulent les cycles de l’eau, atténuent les inondations et les sécheresses et soutiennent la biodiversité ».
D’après l’eurodéputée belge Saskia Bricmont (Ecolo/Verts), la disparition du programme Life incarne une faute politique face à la crise écologique : « C’est un recul grave pour toutes les régions d’Europe, les projets et les acteurs de terrain, alors que nous devrions renforcer tous les leviers disponibles pour répondre à l’urgence climatique et à l’effondrement du vivant ».
Au Parlement européen, l’extrême droite met la main sur le rapport sur les objectifs climatiques de l’Union pour 2024Une Politique agricole commune moins verte
Le recul environnemental que représente la proposition budgétaire de la Commission européenne se retrouve aussi au niveau de la Politique agricole commune (Pac). Selon Greenpeace, l’institution prive le plan de fonds pour le climat et la nature. Ainsi, le financement dédié à l’aide aux agriculteurs pour adopter des méthodes respectueuses de la nature a disparu. « Laisser chaque gouvernement national décider du montant à investir pour rendre l’agriculture plus durable menace l’objectif commun d’une agriculture européenne qui travaille avec la nature et peut prospérer dans un climat changeant », assène Marco Contiero, directeur de la politique agricole de Greenpeace pour l’UE.
« Cette proposition budgétaire ne répond pas pleinement aux défis de la transition juste que nous devons mener. Je salue bien évidemment que la Commission remette l’accent sur la compétitivité et n’oppose plus économie et écologie. Mais l’ambition climatique et environnementale européenne doit s’accompagner de moyens à la hauteur », conclut Jean-Luc Crucke. Dans les semaines à venir, Wetlands International Europe fait partie de ceux qui plaideront pour que la part du budget européen consacrée à l’environnement atteigne 50 %.