Le premier livre de Michel Testut, paru en 1969, s’appelait « Chroniques campagnardes ». Le dernier (pour le moment), sorti en mai 2025, s’intitule « Éloge des paysans ». Entre les deux, il y en a 33 autres, d’où la nature, l’attachement à la terre, l’enracinement dans son cher Périgord ne sont jamais tout à fait absents.
Ce petit livre, publié aux Éditions du ruisseau (1), est dédié à Marie-Jeanne et Pierre Le Gall, les fermiers de sa propriété familiale de Mareynou, à Razac-sur-l’Isle. « Ma troisième paire de grands-parents », dit Michel Testut avec la gorge serrée à l’évocation du couple, aujourd’hui « parti ». « J’avais 2 ans quand ils sont arrivés. » C’est avec eux que le petit citadin, venant pour les vacances depuis Périgueux ( « c’était l’exotisme complet », sourit-il), a appris à traire les vaches et labourer avec un cheval, aidant aux battages ou aux vendanges. « C’était formidable, j’en mettais plein la vue à mes camarades du lycée ! »
Giono, Brassens, Brel…
Avec son habituelle verve poétique, l’écrivain décline au fil des 140 pages l’attachement qu’il ressent « de toutes [ses] fibres à la terre paysanne ». Celui qui assure tout devoir à Jean Giono qu’il adule (Georges Brassens, Jacques Brel, Félix Leclerc et Léo Ferré comptent aussi dans son Panthéon personnel d’adorateur des mots), livre son « amour fou » pour cette terre et ceux qui la travaillent. « Mais je ne dis surtout pas que c’était mieux avant ou qu’il s’agissait du bon vieux temps, souligne le Périgourdin de 72 ans. Les gens vivaient tellement durement. »
A-t-il un jour pensé reprendre l’exploitation familiale autour de sa chère propriété razacoise de Mareynou, afin de s’ancrer encore un peu plus dans cette terre ? « Oui, répond-il l’œil brillant. Mais Marie-Jeanne et Pierre m’en ont dissuadé. J’étais séduit intellectuellement par l’idée d’être agriculteur, mais je n’aurais pas pu. Il faut savoir tout faire de ses mains ! » Lui, les a donc plutôt utilisées pour écrire.
(1) Collection Lapis-Lazuli. 15 euros.