S’il a manqué d’énergie dans la dernière ligne droite, comme l’ensemble de son équipe, Mickaël Guillard a de nouveau été héroïque dans le combat ce samedi. Et prouvé qu’il faudrait encore compter sur lui à l’avenir, en deuxième ligne ou en numéro 8.
Y avait-il un XV de France avec et sans Mickaël Guillard sur cette tournée en Nouvelle-Zélande ? Certes, il serait certainement excessif de réduire la théorie à son seul nom, tant les retours d’Alexandre Fischer ou Gaël Fickou furent importants lors du troisième et dernier test-match, mais il faut reconnaître que le Lyonnais a évolué cet été à un niveau quasiment exceptionnel. Dans la lignée de son hiver avec les Bleus, lui qui avait été l’une des grandes satisfactions du Tournoi des 6 Nations, compétition lors de laquelle il avait débuté les trois derniers matchs. Mais c’était avec le numéro 5 dans le dos à l’époque, pour prendre le relais d’un Emmanuel Meafou malade. Guillard avait impressionné par son activité et sa puissance. Des qualités intrinsèques qui avaient poussé, un peu par la force des choses, le staff à l’imaginer endosser un autre costume lors de l’épisode estival. Au centre de la troisième ligne. « Il y a très peu de numéros 8 en France, à part Grégory Alldritt, avait ainsi expliqué Fabien Galthié. C’est quelque chose qu’on essaye donc de développer. L’idée initiale, c’était de mettre Marko Gazzotti mais il est finalement forfait. On va redonner sa chance à ce poste à Mickaël, qui s’en est très sorti en Angleterre. »
« Plutôt à l’aise »
Le sélectionneur faisait référence au match de préparation, disputée à Twickenham, avant de prendre la direction du pays kiwi. Ce jour-là, dans cette position assez inattendue en équipe nationale, le joueur du Lou avait en effet été épatant. Prouvant déjà qu’il était bien plus qu’une simple solution de recours, même s’il faut également avouer qu’il n’était pas non plus un novice dans un rôle qu’il avait tenu en club plus jeune, ou encore lors des séances à Marcoussis. « Je me sens à l’aise en troisième ligne parce que ce n’est pas vraiment une nouveauté pour moi de jouer à ce poste-là, indiquait-il après la rencontre. Pas à ce niveau, bien sûr, mais aux entraînements. Quand on bosse sur des scénarios de fin de match, je joue souvent en numéro 8. Je ne suis donc pas en totale découverte, pas du tout déboussolé. Et puis, c’est un poste que j’aime bien. Je me suis d’ailleurs trouvé plutôt à l’aise tout au long du match. » Cela s’était vu, jusqu’à convaincre l’encadrement de poursuivre l’expérience, et même à devenir une variable de comparaison. Avant de tenter l’expérimentation Abadie en 8, avant le deuxième test à Wellington, Galthié avait glissé dans un sourire : « Mickaël Guillard n’avait pas vraiment l’habitude d’y jouer non plus… » Quand vous êtes cité en exemple, c’est généralement bon signe.
Pression constante sur les All Blacks
Après l’Angleterre, Guillard avait aussi dit : « Ça annonce de bonnes choses pour la tournée en Nouvelle-Zélande. » Pour être tout à fait honnête, il évoquait à cet instant-là la performance collective et l’élan qu’elle pouvait donner à ce groupe ultra-remanié. Mais elle s’appliquait aussi largement à son cas. Lors du premier rendez-vous de Dunedin, Guillard fut encore l’un des très grands Bleus de la courte mais héroïque défaite tricolore. Celui qui avait constamment fait avancer son équipe, et surtout fait reculer les All Blacks aux quatre coins du terrain. Alors forcément, il était très attendu à Hamilton. Et il a clairement répondu aux espoirs du staff. « Les joueurs seront là samedi, ils seront présents », prédisait le sélectionneur en marge de l’annonce de la composition de son équipe. Là aussi, il parlait de tous ceux alignés sur la feuille de match. Mais Guillard a entendu le message, et mené la révolte en première mi-temps, en imposant sa densité physique. Leader de combat, il n’a cessé d’être sollicité dans le jeu au près et de trouver de l’espace dans la défense néo-zélandaise. Des All Blacks sur qui il a mis une pression constante, finissant même la rencontre avec vingt-trois plaquages (aucun raté) et étant l’auteur d’un grattage énorme. À l’image de ses partenaires, il a payé sa débauche d’énergie en deuxième période, en manquant de jus sur la fin. Mais rien, absolument rien, ne peut lui être reproché…