À 56 ans, Philippe Dubois affiche les marques du temps. Ses cheveux sont grisonnants, il est un peu avachi, mais pour autant, son regard est toujours perçant.

Incarcéré en 2002 à l’âge de 31 ans et condamné en 2008 en appel à Aix-en-Provence à 28 ans de réclusion criminelle pour vol, séquestration et assassinat à Nice, il revient devant la justice après une nouvelle tentative d’évasion en mai dernier.

Alors qu’il bénéficiait d’une permission de quatre jours, il n’avait pas réintégré le centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, comme prévu.

Interpellé à Belvédère

L’enquête révèle qu’il a effectué plusieurs déplacements entre Nice – pour voir son père malade d’un cancer – et Belvédère, sur un terrain familial. Il a également rendu visite à sa compagne dans les Bouches-du-Rhône.

La veille de la fin de sa permission, il s’est pourtant présenté au commissariat de Châteaurenard pour pointer. Face au président du tribunal Édouard Levrault, il explique son geste avec émotion: « Ce n’était pas prémédité », assure-t-il.

« J’ai obtenu une première permission en novembre 2024. Le mois suivant, j’ai demandé un aménagement de peine et je n’ai jamais eu de retour. Je ne pouvais plus vivre comme ça. Voir les gens sortir et pas moi. En prison, on trouve que j’ai un comportement irréprochable. Bien en prison, mais pas assez pour sortir », insiste-t-il.

Il conclut, lucide: « Je savais que j’allais encore me mettre dans le rouge. Cette liberté avait un goût amer, mais je respirais, je n’étouffais plus. »

Il est finalement interpellé à Belvédère, quatre jours après le début de sa cavale, par les gendarmes de Lantosque.

Son avocate, Maître Tina Colombani-Bataillard, évoque un homme à bout, « en pleine détresse psychologique », qui attend d’être transféré à la prison de La Farlède à Toulon depuis plusieurs mois.

Elle affirme que « depuis 2023, il n’a pas reçu de visite. Faire 1.600 kilomètres aller-retour pour deux heures de parloir, c’est trop pour sa famille qui vit ici ».

Une détresse telle qu’il aurait tenté de mettre fin à ses jours en 2023, en avalant une fourchette.

Libérable en avril 2026

Philippe Dubois avait terminé de purger sa peine pour l’assassinat de la propriétaire de son logement à Nice, ainsi que de son fils.

Un crime commis avec l’aide de deux complices, également Niçois, dans l’’affaire dite des « disparus de Gairaut ».

Les victimes auraient été séquestrées, tuées, puis enterrées dans une fosse préalablement creusée.

À cette peine s’étaient ajoutés trois ans de prison supplémentaires pour association de malfaiteurs en vue d’une évasion collective, en 2010. Il était jusqu’alors libérable au 29 janvier 2026.

Toutefois, Philippe Dubois attend encore son jugement pour une évasion qui avait fait grand bruit en 2023.

À l’époque, il était incarcéré à la ferme-prison de Mauzac, en Dordogne, un établissement semi-ouvert où il participait à des activités de réinsertion.

Lors d’une pause déjeuner à l’extérieur, il en avait profité pour prendre la fuite à pied, dans le but de rejoindre son père. Mais ce dernier a refusé de le voir et a alerté la police.

À l’audience, la procureure Marie-Ève Parant lui a d’ailleurs rappelé: « Il y a eu des incidents anciens et récents qui peuvent expliquer pourquoi vous êtes toujours incarcéré. Une évasion ce n’est pas rien ».

Elle a requis une peine de huit mois d’emprisonnement. Le tribunal s’est finalement montré plus indulgent, en le condamnant à quatre mois de prison.

Comme Philippe Dubois avait déjà effectué deux mois de détention provisoire dans le cadre de cette affaire, sa libération est repoussée de deux mois seulement. Elle est désormais prévue pour fin avril 2026.