Des vagues pour électrifier la planète, jour et nuit.
Une nouvelle technologie a récemment prouvé qu’on pouvait dompter les vagues pour produire de l’électricité, même en pleine tempête. CorPower Ocean, une jeune pousse suédoise a réussi là où beaucoup ont échoué et aujourd’hui, elle attire de nouveaux investisseurs dont un français !
Le 17 juillet, GTT Strategic Ventures, le bras armé du groupe GTT pour les investissements d’avenir, a en effet annoncé sa participation à la seconde tranche d’un tour de table de série B mené par CorPower. Le montant exact n’est pas dévoilé, mais l’enveloppe globale dépasse déjà 32 millions d’euros, avec des partenaires venus de Tokyo, Lisbonne, Stockholm, Paris et San Francisco.
Lire aussi :
GTT investit dans une technologie qui encaisse les vagues de 18 mètres pour produire de l’électricité
Dans le monde de l’énergie marine, il y a souvent un mur. Pas celui qu’on construit : celui de l’océan. Résister à la mer, ce n’est pas une option, c’est la base. CorPower l’a bien compris. Son premier démonstrateur à échelle commerciale, baptisé C4, a été testé dans des conditions musclées. Des vagues de plus de 18 mètres de haut et il a tenu bon.
Pas seulement tenu : il a continué à produire de l’électricité, là où d’autres dispositifs se mettent en sécurité ou se brisent. C’est cette résilience couplée à un rendement élevé qui séduit les investisseurs. Parce que le défi de l’énergie marine, ce n’est pas seulement de capter la houle : c’est de le faire durablement, 365 jours par an.
Une énergie encore sous-exploitée
Les vagues, contrairement au soleil ou au vent, ne s’arrêtent jamais même la nuit, même sous les nuages, même en hiver. C’est ce qui fait de l’énergie houlomotrice un précieux complément aux autres énergies renouvelables. Elle permet de lisser la production, d’apporter de la stabilité au réseau, de produire localement sans intermittence.
Pour l’instant, cette ressource reste presque vierge. Avec ses systèmes CorPack, des réseaux modulaires qu’on pourrait installer aux côtés des fermes solaires et éoliennes offshore, CorPower vise un coût de production de 100 €/MWh dès 300 MW installés. Une cible atteignable, selon les ingénieurs, grâce à une feuille de route industrielle déjà bien balisée.
Vision d’artiste d’une mer où sont disposés des systèmes CorPack.
Des brevets, des labos… et beaucoup de persévérance
Fondée en 2012, CorPower s’appuie sur plusieurs décennies de recherches universitaires, mais aussi sur une série de brevets protégeant sa technologie. Tout est conçu pour fonctionner dans les conditions réelles, pas en bassin d’essai.
Le cœur du dispositif : une bouée intelligente, qui imite le mouvement naturel du cœur humain pour maximiser l’énergie captée. Ce principe, original et biomimétique, permet de produire beaucoup d’énergie avec une machine relativement compacte et de l’arrêter net quand la mer se fâche, ce qui allonge considérablement sa durée de vie.
Un pas de plus vers un mix vraiment décarboné
Du côté des investisseurs, on ne parle pas que de rentabilité. Pour GTT, qui travaille depuis 60 ans sur les systèmes cryogéniques destinés au transport du GNL, cet investissement marque une inflexion claire vers les énergies de demain. Hélène Loncin, directrice de GTT Strategic Ventures, le dit sans détour : « L’énergie houlomotrice peut jouer un rôle essentiel dans la transition énergétique, en apportant fiabilité, disponibilité et complémentarité. »
Même tonalité chez Acario, le fonds d’investissement de Tokyo Gas, qui voit dans les océans un réservoir inépuisable de potentiel renouvelable. Un moyen de produire de l’électricité propre à haut facteur de charge, partout où la mer s’agite, autant dire presque partout.
Un écosystème marin qui s’étend sous pavillon GTT
L’arrivée de GTT dans cette aventure n’est pas un hasard. Le groupe français, connu pour ses systèmes de confinement cryogénique qui équipent plus de 70 % des méthaniers mondiaux, est en train de bâtir un écosystème complet sur les mers. Derrière son chiffre d’affaires de plus de 370 millions d’euros, on trouve aujourd’hui bien plus que du gaz liquéfié. GTT possède Elogen, un fabricant d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert. Il a aussi mis la main sur Ascenz Marorka, spécialiste du pilotage digital et environnemental des navires. Via son fonds GTT Strategic Ventures, il soutient Twelve (carburants synthétiques), Lhyfe (hydrogène offshore), Hopium (mobilité hydrogène), et désormais CorPower Ocean.
Peu à peu, GTT dessine les contours d’une véritable thalassocratie (entité dont la puissance est basée sur les océans) énergétique. Un pouvoir technologique et industriel qui s’étend sur les mers, en réseau, de la surface aux cales cryogéniques, du monitoring numérique aux bouées houlomotrices. Un modèle discret, modulaire, mais redoutablement cohérent, qui pourrait bien faire de ce groupe français l’un des souverains de l’énergie océanique du XXIe siècle.
Source : Communiqué de presse de GTT & CorPower