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Rédaction Normandie

Publié le

19 juil. 2025 à 17h04

Un riverain de l’ancienne entreprise TAN, à Malaunay, comprenant la brasserie et la guinguette Union B, a exprimé son inquiétude, via les réseaux sociaux, face à un panneau de mise en vente accroché sur l’entrée du site. Vincent Delafosse, le propriétaire, a accepté de fournir quelques explications.

« Fin du mythe de la réhabilitation des friches industrielles »

« C’est l’usine qui est à vendre. Cela comprend les 6 000 m2 des bâtiments de TAN sur trois hectares. Le site comprend aujourd’hui plusieurs entreprises, une brasserie, une galerie d’art contemporain et des artisans. Tout l’ensemble est concerné, avec une vingtaine de personnes qui y travaillent en mode circuit court », précise Vincent Delafosse, qui constate que cette vente, c’est « la fin du mythe de la réhabilitation des friches industrielles. C’était en vogue et super sympa avec la ZAN (Zéro artificialisation nette) qui protège les espaces naturels. Mais, finalement, quand tu as une friche, c’est très compliqué à cause des enjeux financiers qui ne peuvent être supportés que par des collectivités ayant accès aux fonds friche ou aux promoteurs aux reins assez solides ».

Vincent Delafosse confie avoir pris cette décision pour trois raisons. Premièrement, il doit réaliser la fin de l’histoire industrielle de la teinturerie qui, pendant 200 ans, a utilisé des produits polluants. « Je dois faire une cessation d’activité auprès de la DREAL et une dépollution plus ou moins importante en fonction du projet à réaliser derrière. Cela coûte cher ! », souligne le propriétaire.

« Un budget de malade. On parle de millions d’euros »

Puis, il faut traiter les bâtiments : 6 000 m2 de locaux qu’il ne peut pas louer en état, à cause de l’amiante et des charpentes à reprendre. « Là encore, c’est un gros budget. En plus, une réhabilitation, c’est bien, mais elle doit être cohérente avec le PLUI (Plan local d’intercommunal intercommunal) et une OAP (Orientation d’aménagement et d’orientation) », ajoute Vincent Delafosse.

Et pour ce faire, un projet d’ensemble est nécessaire, mêlant artisanat et logements avec les bâtiments industriels. « Quand on a dit tout cela, on arrive à un budget de malade. On parle de millions d’euros. Ce n’est pas Vincent qui peut faire cela, c’est Vinci ! », lance le propriétaire.

Sortir du statut d’usine

Il poursuit toutefois ses activités et les locataires sont toujours présents. « Je cherche aussi à trouver des solutions pour qu’ils puissent rester. J’espère trouver des portes de sortie pour eux, mais elles sont limitées. Ma première étape est vraiment de sortir le site de son statut d’usine. Pour cela, je tape à toutes les portes », insiste Vincent Delafosse. Il a d’ailleurs déjà des contacts avec des industriels pour y mettre leurs activités, des entreprises de BTP qui ont besoin d’espace pour stocker leur matériel et leurs engins, ou encore une dizaine de promoteurs.

Jusqu’à la fin de la saison, nous sommes comme l’orchestre du Titanic, nous continuons de jouer.

Vincent Delafosse

« Il y a de fortes probabilités que cela finisse comme cela. Jusqu’à la fin de la saison, nous sommes comme l’orchestre du Titanic, nous continuons de jouer », observe le propriétaire, qui s’interroge sur l’avenir des friches : « j’ai vraiment les mains dans le cambouis. Qu’est-ce qu’on fait ? Je suis persuadé que je me substitue aux pouvoirs publics et je n’agis pas en businessman », conclut-il.

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