Après une semaine de violences intercommunautaires dans la province à majorité druze de Soueida, dans le sud de la Syrie, un cessez-le-feu a été annoncé samedi. De quoi s’agit-il ? Pourquoi est-ce qu’il y a des combats ? Pourquoi parle-t-on de minorités ? 20 Minutes vous explique tout.
Pourquoi parle-t-on d’un cessez-le-feu à Soueida ?
Un cessez-le-feu a été annoncé samedi et intervient alors que des affrontements ont fait 940 morts, selon l’Observatoire syrien des droits humains (OSDH). Ce bilan inclut 588 victimes druzes, dont 262 civils, et 312 membres des forces gouvernementales. L’accord a été confirmé par les États-Unis, la Syrie et Israël, avec le soutien de la Turquie et de la Jordanie.
Le cessez-le-feu semble globalement respecté ce samedi soir, mais la tension reste vive. L’UE a salué l’accord tout en réclamant la protection des civils. La situation à Soueida reflète la fragilité du nouveau pouvoir syrien, confronté à des lignes de fracture communautaires explosives après 14 ans de guerre.
De quels combats parle-t-on ?
Des combattants druzes se sont opposés à des tribus et bédouins sunnites, notamment dans la ville de Soueida. D’après des vidéos et des correspondants sur place, des groupes armés tribaux ont investi des quartiers entiers, circulant en véhicules et tirant en l’air ou vers leurs adversaires. L’armée syrienne s’est brièvement redéployée dans la région, puis a dû se retirer sous pression d’Israël, qui redoutait pour la sécurité de la minorité druze. L’OSDH accuse certaines unités gouvernementales d’avoir commis des exactions aux côtés des Bédouins.
Qui est impliqué dans cet accord ?
L’accord a été scellé sous l’égide des Etats-Unis, qui ont appelé toutes les parties (druzes, bédouins, sunnites) à déposer les armes. Le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh, arrivé au pouvoir en décembre après la chute de Bachar al-Assad, a assuré vouloir protéger toutes les minorités et s’est engagé à poursuivre les auteurs de crimes. Israël a salué le cessez-le-feu, tout en dénonçant la vulnérabilité persistante des minorités en Syrie.
Pourquoi parle-t-on des minorités dans ce conflit ?
La province de Soueida est peuplée majoritairement par la minorité druze, une communauté religieuse issue d’une branche de l’islam, également présente au Liban et en Israël. Avant la guerre, les Druzes étaient environ 700.000 en Syrie. Le conflit actuel les oppose à des tribus et bédouins sunnites, dans un contexte de tensions identitaires exacerbées.
Depuis son arrivée au pouvoir, Ahmad al-Chareh a multiplié les promesses de protection des minorités (druzes, alaouites, kurdes ou chrétiens) alors que plusieurs massacres intercommunautaires ont déjà eu lieu ces derniers mois. Israël a dénoncé samedi le danger qui pèse sur ces populations, affirmant qu’il est devenu « très dangereux d’appartenir à une minorité » en Syrie. L’UE et les Etats-Unis conditionnent désormais leur soutien au respect des droits humains et à la sécurité de toutes les communautés. « Le moment est maintenant au dialogue et à la recherche d’une transition véritablement inclusive. Les autorités de transition en Syrie, avec les autorités locales, ont la responsabilité de protéger tous les Syriens sans distinction », a déclaré le service diplomatique de l’Union européenne dans un communiqué.
Notre dossier sur la SyrieQuelle est la situation humanitaire ?
Elle est particulièrement précaire. En une semaine, près de 80.000 personnes ont été déplacées, selon l’Organisation internationale pour les migrations. À Soueida, le seul hôpital encore en service a reçu plus de 400 corps entre lundi et vendredi. La ville est privée d’eau, d’électricité et de communication. Un membre du personnel médical est même allé jusqu’à décrire l’hôpital comme une « fosse commune ».