Par

Inès Cussac

Publié le

19 juil. 2025 à 8h18

« Normalement, un transat en festival ça vaut cher. » Pour Maori, 22 ans, la pause est savoureuse. Le jeune homme étendu sur sa chaise longue se ressource avant de s’atteler à sa mission de bénévole du festival Lollapalooza. L’événement phare des étés parisiens qui se déroule à l’hippodrome de Longchamp, du vendredi 18 au dimanche 20 juillet 2025, a rallumé les platines. Pour cette septième édition, les organisateurs ont déployé un nouvel espace dédié au bien-être et entièrement gratuit, baptisé « Lolla Wellness ».

Un espace hermétique au son et à la foule

C’est un petit chemin entre les arbres qui conduit les festivaliers dans cette zone où le calme règne en maître. Un bar à ongles ici, un stand de massage là. Et une Maison Bulle au bout. Sous cette tente pas comme les autres, presque hermétique aux bruit émanant des trois scènes de concert, les participants s’installent pour souffler. « Les gens viennent en groupe, avec un accompagnant ou bien seul. Il arrive qu’une personne soit déposée par ses amis pour qu’elle se ressource et eux repartent faire la fête. Mais ils ne la lâchent pas, ils connaissent l’association. C’est très bienveillant », résume Lana, manager des bénévoles de la Maison Bulle.

L’association crée par l’influenceuse Marine LB il y a trois ans bénéficie pour la deuxième fois d’un emplacement à Lollapalooza. « Avant, on avait une petite ‘safe place’ mais on s’est rendu compte que les besoins étaient tellement importants qu’on a décidé de refaire d’autres festivals », indique Lana derrière ses grands carreaux dorés. Surtout, ce qui était un modeste recoin pour se ressourcer s’est transformé en véritable maison avec jardin. À l’intérieur de la tente, le beige et les couleurs pastel calment toutes les ardeurs. Les rideaux, les tapis et les coussins enveloppent les festivaliers les plus angoissés.

Ces derniers qui souffrent parfois de troubles anxieux peuvent trouver une forme de réconfort et des oreilles pour les écouter. Tous les bénévoles qui œuvrent à la Maison Bulle sont formés pour accueillir au mieux les propos de personnes à la santé mentale mise à mal pendant les attroupements des concerts notamment. Lego, jeux de société, casque de réduction de bruit, livres d’activités sont proposés sous la tente. Il y a aussi de quoi se démaquiller et se remaquiller. Une cafetière pour reprendre des forces ou encore un mini-frigo en cas de besoin. Au fond, une jeune fille est allongée sur des coussins, un masque de massage sur les yeux. Dehors, une autre sort d’une crise d’anxiété et reprend son souffle doucement. Derrière elle, une tête blonde dévore un livre.

Tous les bénévoles de Maison Bulle sont formés à l'écoute.
Tous les bénévoles de Maison Bulle sont formés à l’écoute. (©IC / actu Paris)

« C’est vraiment un espace hyper ‘chill’, je trouve ça cool. On avait envie de se poser avant de commencer le festival », explique Caroline aux chaussettes blanches dans des baskets blanches. « En festival, c’est toujours compliqué de trouver des spots tranquilles », ajoute son amie Stéphanie. Et Caroline d’enfoncer : « A tout moment, je viens là pendant la soirée et je m’endors ! »

Une perte sèche pour les festivals

Les « safe place » sont de plus en plus développés dans les festivals. À l’image du déploiement de Maison Bulle. Cette année, l’association s’est invitée à sept festivals : We Love Green, Les Déferlantes, Les Ardentes, Main Square Festival, Delta Festival et le GP Explorer. De plus en plus d’organisateurs de festivals perçoivent l’intérêt de développer des espaces de détente et de bien être pour leurs festivaliers. « Il y a vraiment une prise de conscience sur les questions de santé mentale », note Pierre-Louis Maléjac, agent de Marine LB. « Pour les festivals, avoir de tels stands représente une perte sèche importante. Mais c’est tellement bénéfique pour les festivaliers que de plus en plus d’événements nous demandent de venir et de revenir. »

Les bénévoles de Maison Bulle sont par ailleurs répartis en trois pôles. Certains sont postés près de la tente pour accueillir les personnes. D’autres arpentent les quatre coins de l’hippodrome pour faire de la prévention auprès des 120 000 personnes qui doivent se retrouver durant les trois jours. Un dernier groupe enfin, formé de professionnels de santé, accompagnent les bénévoles de la Croix-Rouge. 

« Je pense que tous les festivals, surtout ceux où il y a des jeunes, devraient avoir des stands comme ça. Juste pour se poser ou se relaxer. Entre la foule, la musique super forte, l’alcool… Parfois, on a juste envie de faire une toute petite pause pour mieux repartir », suggère Aude sous ses cheveux bouclés. Lana aussi travaille pour développer ces espaces. « Cela a un vrai impact, on a des retours immédiatement. Tout le monde nous dit merci. On m’a déjà dit : merci, vous avez sauvé mon festival et ma soirée ! » se réjouit encore la jeune femme.

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