La Corse, il la chante, il la revendique. Depuis ses débuts dans les années 1970, le groupe I Muvrini porté essentiellement par les voix des frères Jean-François et Alain Bernardini, s’est consacré aux chants traditionnels. De tout temps, ces étendards des polyphonies corses, au parcours sans fausses notes, n’ont eu de cesse de se réinventer pour mieux exister. Pour la 6e édition de l’Été Marseillais, donc, les chanteurs seront sur le Vieux-Port de Marseille ce dimanche 20 juillet. Un concert qui permet de revisiter les pages d’un répertoire impressionnant. Et l’occasion rêvée, une nouvelle fois, « de mélanger les publics autour des diversités culturelles », explique Jean-François Bernardini.

Le groupe I Muvrini semble avoir une vitalité et un appétit intacts malgré la lourdeur, dites-vous, de l’époque, et le recul des identités culturelles…

Il y a, à la fois, un recul de la biodiversité et de la diversité socioculturelle. Le savoir, les langues, les traditions, les usages disparaissent peu à peu. Nous sommes dans une grande pandémie de monoculture. C’est important de préserver une beauté de résistance et de survie, contre un certain effacement. Déjà en son temps, le poète italien Pier Paolo Pasolini parlait du grand effacement des cultures. Un grand génocide se prépare par uniformisation. Et nous sommes là pour nous y opposer.

Vous évoquez des langues régionales qui ont été, selon vous, moquées ?

Nous avons, nous, comme d’autres, réussi à sortir ces langues des tiroirs et de la diminution capitale qu’on leur inflige. Les mettre dans le cœur et les oreilles de milliers de gens aujourd’hui, cela reste encore pour moi, inattendu et inespéré. Jamais, je n’aurais cru ça. Dans toutes les villes où nous allons, la diversité, elle est dans l’ADN de tous les citoyens du monde. Ne l’oublions pas.