Docteur en médecine et en histoire et philosophie des sciences, Jean-José Boutaric, depuis sa retraite, s’adonne avec bonheur à sa passion de l’écriture. Auteur de plusieurs romans, d’essais, de contes et de nouvelles, mais également d’ouvrages scientifiques, il se plonge et nous plonge depuis trois ans dans une époque pas si lointaine que cela, à l’heure où le Quercy sortait de son isolement et tentait de communiquer avec la France entière.

Après « Le gabarier de Montbrun » et les grandes heures de la navigation sur la rivière Lot, l’auteur met en scène la naissance du chemin de fer dans le département, un bouleversement majeur annonçant la fin des mariniers lotois. Ils se croyaient pourtant invincibles en ce XIXe siècle, dressés sur leurs gabares et radeaux, entraînant à leur suite une économie fructueuse et la prospérité de toute la vallée.

Et pourtant, alors que personne ne l’avait vu venir, car l’exploitation des mines de Decazeville leur garantissait un chargement constant, la création, par la compagnie du Paris-Orléans, de la ligne Capdenac-Cahors, parallèle à la rivière, sonna le glas de leur profession. Qui du fer ou de l’eau gagnerait ce bras de fer ?

Sur plus de 250 pages, Jean-José Boutaric entraîne ses lecteurs à la naissance et à la création de cette ligne, promulguée au Journal officiel le 8 avril 1879. Elle entraînera une érosion, lente au début mais inexorable, de la navigation fluviale. Ce qui fit prendre conscience à Casimir, le fils de Baptiste le gabarier, que son avenir s’écrirait plutôt sur le chemin de fer que sur les flots parfois indomptables du Lot.

À travers des personnages fictifs, ce roman ressuscite une histoire authentique qui entraînera Casimir Cantagrehl de l’apprentissage à la conduite d’une locomotive jusqu’à la guerre 14-18. Ce livre est également une fresque émouvante d’une vie provinciale désormais révolue, où l’entraide et la solidarité n’étaient pas de vains mots. Entre fiction et réalité, l’auteur fait revivre, avec un talent certain, une page oubliée, voire méconnue, mais ô combien décisive, de l’histoire locale.

Jean-José Boutaric : « Le cheminot de Larnagol », aux éditions Anfortas. Prix : 22 €.