Kaamelott vous a rendu célèbre dans le rôle de Merlin. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette série et ses films, et son impact culturel ?
Le deuxième volet de Kaamelott est en finition, il doit sortir en salle le 22 octobre. C’est une aventure incroyable, parce que c’est parti d’un petit court-métrage très confidentiel, fait avec trois bouts de ficelle et un peu de bonne volonté. Et ça a débouché sur une série qui est en train de traverser les générations. C’est ça qui est incroyable. On a commencé en 2009, et malgré le temps, ça continue à être diffusé, les gens continuent à le regarder. Maintenant, ce sont les enfants des premiers fans qui sont devenus fans à leur tour. C’est assez inespéré. C’est aussi dû au fait qu’Alexandre Astier a un talent formidable. Il a su amener une écriture très vivante, très ludique, très joyeuse.
Le personnage de Merlin est célèbre, moi ça ne m’a pas rendu célèbre en tant que tel, mais je suis très heureux qu’il ait rencontré à ce point l’adhésion du public. C’est un personnage qui attire la sympathie, ça me touche beaucoup. Je reçois plein de réflexions hyperbienveillantes et affectueuses. Il est drôle, très gaffeur, imparfait. Donc il nous ressemble beaucoup. Il me ressemble beaucoup.
Vous êtes également auteur et metteur en scène. Que vous apporte le théâtre que ne vous apporte pas la télévision ?
Pour moi, le théâtre, c’est irremplaçable. C’est vraiment le lieu où je me sens à ma place. Le contact avec le public, l’émotion d’une représentation en direct, dans une continuité temporelle, c’est incomparable en termes de plaisir et d’engagement.
Moi, ce que j’adore dans le cinéma ou la télévision, c’est qu’on est un petit élément d’une grosse machine. Et quand la machine est belle, quand elle fonctionne bien, c’est absolument passionnant de la regarder tourner.
Ce que je trouve formidable, c’est de voir tous ces corps de métier s’imbriquer, interférer les uns avec les autres pour produire quelque chose dont on n’a pas idée.
La Fête des Remparts fait revivre le Moyen Âge de façon festive. Est-ce un univers qui vous inspire, au-delà de Kaamelott ?
J’aime beaucoup les vieilles pierres, visiter les châteaux, les églises. Quand j’étais gamin, si on me demandait à quelle époque j’aurais voulu vivre, j’aurais dit : le Moyen Âge. Parce qu’il y a des chevaliers, des châteaux… C’est une époque passionnante, mais difficile à connaître, un peu masquée par les aspects folkloriques qu’on lui prête.
J’adore me balader dans Dinan et voir tous les gens costumés. On sent qu’il y a une vraie ferveur, un vrai lien avec la ville, qui est merveilleusement conservée. Et plus largement, en Bretagne, il y a un ancrage culturel très fort autour des racines. Ici, ce n’est pas que du folklore ou de l’habillage : il y a un cœur qui bat.
Dinan est une ville très marquée par l’Histoire. Que ressentez-vous dans un cadre aussi chargé de patrimoine ?
Là, je ne vais pas jouer, mais jouer en Bretagne, ce n’est jamais anodin pour moi. D’abord parce que j’y suis né. Et puis parce qu’on sent qu’il y a une relation très forte entre les habitants et leur terre, leur culture, leur langue. C’est quelque chose de très prégnant, et j’aime beaucoup ça.
Vous êtes Breton de naissance, né à Vannes, avec un lien culturel fort à l’univers celtique. Comment cet enracinement influence-t-il votre interprétation de Merlin ?
Oui, je suis natif de Vannes, mais je n’y ai vécu que huit jours ! J’ai grandi à Lyon, mais je revenais tous les ans pour les vacances, retrouver mes grands-parents.
Je pense que lorsqu’on s’attaque à un personnage, il faut s’oublier un peu. Laisser venir les sensations du personnage, de la situation, plutôt que d’aller chercher au fond de ses racines. Je ne suis pas sûr que ça aurait beaucoup servi le rôle. Alexandre nous demande de jouer le texte, la situation. Et je trouve qu’il a raison.
Après, c’est vrai que j’ai une petite gourmandise particulière à jouer un enchanteur breton. Parce que j’ai passé tous mes étés ici. Et quand je vois un Karadoc de Vannes, je me dis : je suis un pays de Karadoc.