Beaucoup de monde était venu voir ça. Non sans une certaine admiration. Ce samedi, le Verger des Gorges a été officiellement inauguré. Depuis 2020, en fédérant partenariats et mécénats (1), la volonté municipale visant à ressusciter, ici, 1,7ha de terres anciennement cultivées a bien mûri, et s’apprête même à donner ses premiers fruits. Avec plusieurs objectifs affichés: « Ce site, acquis par la commune en 2018, a été entièrement repensé pour redevenir un espace nourricier, pédagogique, écologique et social », a situé le maire, Robert Bénéventi.
Derrière lui et des membres du Conservatoire méditerranéen partagé (CMP, dont l’une des missions est la relance de variétés anciennes) à qui la Ville a, en grande partie, confié ce projet, les premiers visiteurs privilégiés se sont vus raconter l’endroit: « On a voulu retranscrire la dernière période d’activité, dans les années 50, en se basant sur les archives », a présenté Daniel Bielmann, du CMP. « Le maire voulait une vitrine de l’agriculture régionale au travers des âges, et ollioulaise particulièrement, mais aussi sauver le patrimoine rural », comme en témoignent les murs en pierre, restanques et autres canaux qui ont fait l’objet d’un minutieux travail de restauration. Si une réflexion est en cours pour renouer avec le riche passé horticole de la commune et consacrer une partie du Verger à la culture florale, quelques espèces de rosiers issues de précieuses collections ont d’ores et déjà été plantées. Certaines variétés datent de 1240.
Dimension expérimentale
Dans cet écrin réhabilité, les oliviers, quoiqu’encore jeunes, occupent une place importante: quelque 37 variétés originaires du Var ont été greffées et s’épanouissent déjà. Une passionnée de l’association locale Les Amis de l’olivier a tenu à « rappeler l’importance de conserver la biodiversité cultivée: c’est l’identité de nos terroirs, mais c’est surtout un patrimoine génétique pour les générations futures. Car, conserver dans un même site différentes variétés va permettre d’observer leur comportement par rapport au changement climatique – qui peut notamment se traduire par un manque de froid en hiver pouvant entraîner des difficultés de floraison – et ainsi permettre d’adapter les cultures à l’avenir ». Cette approche expérimentale vaut également pour les vignes, dont 24 cépages méridionaux différents sont présents. Et notamment le tibouren et le rousseli, dont les surprenantes capacités d’adaptation semblent prometteuses.
Un pas vers l’autosuffisance
De collections, il est encore question avec, par exemple, une cinquantaine de variétés de thym et d’origan semées tout autour du vestige restauré de la noria, qui a longtemps irrigué les parcelles. Plus loin encore, une quarantaine de romarins différents… En plus de toutes sortes d’aromates que la Provence a à offrir, des agrumes et de nombreux arbres fruitiers (et même des goyaviers du Brésil!) se partagent le reste du vaste jardin des gorges d’Ollioules.
Le Verger n’est pas encore ouvert au public, mais il est prévu d’organiser, prochainement, des visites et des ateliers ponctuels. Impliquer les scolaires est également une ambition prioritaire de la Ville.
Pour « protéger, encourager et valoriser la biodiversité », le site est également un refuge de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
« Mais ce verger ne sera pas qu’un beau jardin, a dit le maire. Il nourrira aussi notre jeunesse. Les cultures qui y seront développées en bio serviront à approvisionner le restaurant scolaire de la ville. C’est un engagement fort, offrir à nos enfants une alimentation locale, saine, de saison, et reconnecter les jeunes générations à la terre, aux cycles naturels et au goût du produit vrai. » Un exploitant sera désigné prochainement.
1. La Région, le Département, TPM, la Fondation du patrimoine, le groupe Fortil.