l’essentiel
Samedi 26 juillet, La Fouillade replongera dans le monde des livres avec son Festival des livres. Un événement auquel tout le village participe, chacun à sa manière.
Hugues Cayrade, entre mots et musiques
Il y a des villages où le temps s’étire, paisible, entre deux clochers et quelques ombres de platanes. Et puis il y a La Fouillade, petit territoire d’encre et de sueur, où, chaque été, la page se tourne en grand format. Samedi 26 juillet, sera jour de liesse pour les mots : le Festival des livres y plante à nouveau son chapiteau – ou plutôt son gymnase.
Mais attention, pas de barnum clinquant ici. Pas de troupes parachutées ou de budgets à huit zéros. Le miracle, à La Fouillade, c’est que tout est fait maison. Et ça change tout. Depuis les premières lignes écrites sous la mandature de Jean Lafon, c’était il y a plus d’un quart de siècle, la mairie reste la colonne vertébrale du projet. Discrète mais décisive, elle pave le chemin, laisse la lumière allumée et veille à ce que rien ne déraille.
De fidèles bénévoles
Autour, c’est toute une armée sans uniforme qui s’affaire. Les bénévoles ? Ce sont des habitués. Ils reviennent d’année en année, comme des lecteurs fidèles à une bonne série. Ils connaissent les auteurs, les logent parfois, les guident, les rassurent. Ils envoient les mails, portent les tables, collent les affiches et préparent les cafés. Rien ne leur échappe, pas même le petit détail qui fait qu’un écrivain se sent un peu chez lui au cœur de l’Aveyron. Cette année, ils en accueilleront soixante-dix, rien que ça, dans la salle omnisports transformée, pour un jour, en bibliothèque vivante.
Mais au-delà des murs, c’est tout le village qui bat à l’unisson. Les entreprises du coin – artisans, commerçants – mettent la main au porte-monnaie avec la fierté tranquille de ceux qui savent que la culture, ici, n’est pas un luxe mais un lien. L’ASCBR, avec son atelier BD, ajoute sa bulle au récit. La médiathèque municipale tisse les connexions, patiemment, entre les générations.
Des petits clins d’œil
Et puis, il y a les gestes qui ne s’écrivent pas dans les bilans mais qui font les plus belles histoires. Comme ce personnel d’Intermarché qui, sans qu’on ne lui demande rien, enfile les tee-shirts bleus du Festival, avec la fierté d’un maillot de coupe du Monde. Ou encore Colette Delmur, la boulangère d’antan, celle que tout le monde connaît depuis 1968. Chaque été, elle redécore sa vitrine avec l’affiche du Festival et une sélection de livres, souvent régionaux, toujours choisis avec amour. Elle en parle comme on parle d’un enfant qu’on a vu grandir : avec des étoiles dans les yeux et le pain encore chaud sous le bras.
La Fouillade ne fait pas que recevoir un Festival. Elle l’incarne. Elle le respire. Elle le raconte. Et dans un monde où les événements se ressemblent souvent comme deux coquilles vides, il fait bon trouver, au creux d’un village aveyronnais, un endroit où le livre a trouvé sa tribu. Une tribu debout, solidaire, joyeuse.
Un village qui lit, c’est un village qui veille.
Il connaît bien les chemins de l’ouest Aveyron, pour y avoir posé ses valises — et son stylo — au mitan des années 1990. À l’époque, Hugues Cayrade faisait ses gammes de journaliste au Villefranchois. Trois décennies plus tard, le revoilà, non plus en quête de scoops, mais pour partager une autre facette de sa plume : celle, plus libre, plus échevelée, du poète et de l’auteur de chansons.
À l’invitation de Michel Lombard, Hugues Cayrade sera l’un des soixante-dix invités du Festival des livres de La Fouillade, ce samedi 26 juillet, de 10 heures à 18 heures, dans la salle omnisports du village. Il y présentera son dernier ouvrage, « Seules les montagnes », recueil de textes à chansons et poèmes tout juste paru en juin. Une œuvre vive, sensible, disponible à la librairie Caumes Deslivres de Millau, et qui explore, en vers et contre tout, les paysages de l’âme autant que ceux du territoire.
Mais l’homme de mots est aussi homme de scène. Et c’est accompagné de son groupe Matinée d’ivresse qu’il prendra part à la fête, à l’heure de l’apéritif. Autour de midi, quand les tablées du marché gourmand s’animeront sur la place du village, les chansons de Cayrade résonneront entre saucisses grillées, verres levés et soleil au zénith.
Une double casquette rare pour le festival : celle d’un poète chanteur, entre papier et guitare, entre émotion brute et humour tendre. Un moment suspendu, où les notes viendront répondre aux mots. Où l’Aveyron, une fois encore, montrera qu’elle sait conjuguer culture et convivialité.