Les toits ocres et pentus des maisons, l’odeur des pins au soleil, les collines opalines : les paysages de l’Estaque (16e), petit village de pêcheurs au pied de la chaîne de la Nerthe, séduisent Paul Cezanne (1839 – 1906). Originaire d’Aix-en-Provence, le peintre s’y rend à plusieurs reprises. C’est en 1864, qu’il vient s’y réfugier avec sa compagne pour échapper à la conscription. Il y réalisera 53 œuvres : 32 toiles, 18 dessins et deux aquarelles.

Les rochers puis le port

Ici, Paul Cezanne décidera d’abord de peindre les rochers au bord de l’eau. « Je cherche à rendre la perspective uniquement par la couleur » écrit-il. Dans son œuvre La Mer à l’Estaque derrière les arbres (1879), le peintre reprend cette idée en jouant sur les aplats de couleurs entre les toits provençaux et la mer impassible. « J’ai commencé deux petits motifs où il y a la mer… C’est comme une carte à jouer, des toits rouges sur la mer bleue », écrit-il dans une lettre adressée au peintre Camille Pissarro, en 1876.

Très vite, l’artiste peint ses premières toiles du port animé, des usines et falaises de calcaires…

Puis, des scènes plus intimes comme le restaurant Mistral, connu pour sa bouillabaisse, avec des silhouettes. Sur la crête du Marinier, il grimpe dans les hauteurs, avec chevalet et pinceaux pour saisir Marseille : Le Golfe de Marseille vu de l’Estaque (1885), aujourd’hui au musée d’Orsay.