Patrice V. a du mal avec la frustration. Le 1er avril dernier, quand les surveillants pénitentiaires de la prison des Baumettes à Marseille ont annoncé à ce détenu qu’il ne participerait pas à l’atelier « graffitis », le jeune homme de 25 ans a mal réagi : coup de poing, coup de tête sur un surveillant, crachats et insultes. Des faits qui ont valu au prisonnier de comparaître devant le tribunal correctionnel ce vendredi 18 juillet pour… la 25e fois de son existence.

Le procès a été rapide : le regard vitreux, l’élocution floue, le jeune homme a déclaré d’entrée de jeu : « Je vais garder le silence et laisser mon avocat parler ».

Il a seulement ajouté, alors que les juges parcouraient l’enquête de personnalité le concernant : « Je sais lire et écrire, c’est tout ». Ce prévenu au lourd passé judiciaire et aux capacités cognitives diminuées, avait expliqué à l’expert psychiatre mandaté pour l’expertiser qu’il s’était « senti agressé » par le surveillant. Ce dernier a estimé qu’au moment des faits, son discernement était largement altéré, justifiant une diminution de sa peine.

« Cocktail de cheval d’anxiolytiques et d’antidépresseurs »

« Il n’était pas dans son état normal, sous un cocktail de cheval d’anxiolytiques et d’antidépresseur », a appuyé dans sa plaidoirie son avocate, Me Hélène Blachon. Pour ce détenu au parcours difficile, au parcours carcéral émaillé d’incidents ces trois dernières années, le procureur Pierre-Yves Pezzino a requis une peine de 6 mois de prison, précisant qu’il ne s’opposerait pas à une confusion de peine.

Les juges ont finalement condamné Patrice V. à 4 mois de prison supplémentaires assortis d’un sursis probatoire. Le jeune homme, dans un état second, a été reconduit en prison.