Attisant de toute évidence les convoitises, le fruit le plus cher du monde a de nouveau été mangé ! La fameuse et très décriée banane scotchée de Maurizio Cattelan, Comedian (2019), dont un exemplaire a été acquis 6,2 millions d’euros en 2024, a en effet été dévorée samedi 12 juillet par un visiteur, cette fois au sein de la grande exposition « Dimanche sans fin » présentée au Centre Pompidou Metz – un parcours qui fait dialoguer jusqu’au 2 février 2027 une quarantaine d’œuvres de l’artiste italien avec 400 pièces issues des collections de Beaubourg.
« L’équipe de surveillance est intervenue rapidement et avec calme, conformément aux procédures internes » a indiqué le musée à l’AFP. L’œuvre consistant en une véritable banane fixée à un mur blanc par un morceau de scotch gris – un fruit périssable qui est donc de toute façon régulièrement remplacé selon un protocole défini par l’artiste –, elle a pu être « réinstallée dans les minutes qui ont suivi » l’incident, qui « n’a en rien altéré son intégrité ni le bon déroulement de l’exposition » précise l’établissement. Aucune plainte n’a donc été déposée.
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Un en-cas cher payé
Le visiteur a-t-il ainsi voulu protester à travers son acte ? L’œuvre provocante suscite de nombreuses critiques, notamment en raison de son prix mirobolant jugé indécent à l’heure ou des millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. Maurizio Cattelan a regretté que ce trublion « confonde le fruit avec l’œuvre elle-même ». « Plutôt que de manger la banane avec sa peau et son scotch, le visiteur s’est contenté de consommer le fruit », a-t-il remarqué avec humour, cité dans un communiqué du musée. Une façon pour lui de rappeler que ce n’est pas la banane elle-même à laquelle on attribue une si grande valeur, mais à son geste (très duchampien) consistant à la présenter de cette façon – une démarche qui interroge et démystifie par l’absurde le statut et la valeur de l’œuvre d’art.
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L’artiste commence à être habitué à ce que son irrésistible fruit se fasse engloutir de façon intempestive. La célèbre banane avait en effet été dégustée dès sa première exposition sur le stand de la galerie Perrotin à la foire Art Basel Miami Beach en 2019, par l’artiste américain d’origine géorgienne David Datuna, à l’occasion d’une performance intitulée Hungry Artist, qui entendait dénoncer son prix d’achat (déjà jugé mirobolant à l’époque) de 120 000 dollars.
Elle avait été une seconde fois mangée en 2023 par un étudiant coréen lors d’une exposition temporaire à Séoul, puis une troisième fois par le collectionneur sino-américain Justin Sun, qui l’avait consommée devant les caméras du monde entier après l’avoir achetée pour la somme astronomique de 6,2 millions de dollars chez Sotheby’s New York en novembre 2024. Un en-cas cher payé qui restera, une chose est sûre, dans les annales de l’histoire de l’art !
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