Une bactérie pourrait bien être la solution au recyclage des plastiques PET, utilisés par exemple pour les bouteilles
Tristan Bergen 19/07/2025 06:02 5 min
Dans l’optique d’atténuer les effets environnementaux des déchets plastiques, des chercheurs de l’Université d’Édimbourg sont parvenus à transformer du plastique PET en paracétamol, et ce grâce à une bactérie.
Une nouvelle manière de recycler les bouteilles en plastiques
La pollution plastique est un réel problème, créant de véritables îles de déchets dans nos océans, menaçant la faune et la flore mondiale et se retrouvant même dans nos organismes via les microplastiques. Ainsi, chaque méthode innovante permettant de recycler le plastique et surtout de limiter son impact sur l’environnement est bonne à prendre.
Le paracétamol est lui aussi source de pollution. En effet, ce médicament, parmi les plus utilisés au monde pour combattre la douleur et la fièvre, est produit à base de dérivés du pétrole via des techniques polluantes. Or, les bouteilles usagées en plastique PET sont également issues du pétrole.
Le plastique PET, ou polytéréphtalate d’éthylène, est utilisé pour conditionner 70 % des boissons gazeuses, des jus de fruits, des boissons diluables et de l’eau en bouteille. Celui-ci se montre léger, durable, sûr et possède en plus une empreinte carbone plus faible que d’autres matériaux. Ainsi, le PET est le plastique le plus recyclable au monde.
Ainsi, des chercheurs de l’université d’Édimbourg ont eu une idée plutôt insolite mais innovante pour le recyclage de ces fameux plastiques PET : transformer ce plastique en paracétamol. D’après une publication parue dans la revue Nature Chemistry à la fin du mois de juin, leur pari semble réussi !
Un pari réussi grâce à une bactérie
Afin de réussir cette expérience, les scientifiques ont modifié génétiquement des bactéries E. coli afin que celles-ci synthétisent des molécules dites « PABA », ou acide para-aminobenzoïque, un acide aminé phénolique. Ces molécules ont ensuite digéré le plastique grâce à une réaction chimique pour finalement obtenir du paracétamol.
En reprogrammant génétiquement la bactérie E. coli, des chercheurs de luniversité dEdimbourg ont réussi à transformer (à température ambiante en moins de 24h) une molécule dérivée du plastique PET, connue sous le nom d’acide téréphtalique, en ingrédient actif du paracétamol. pic.twitter.com/RkD1tFnNY3
— Le Génie Humain (@legeniehumain) June 27, 2025
Ainsi, cette expérience réussie ouvre la voie à de nouvelles techniques de recyclage de déchets à base de plastique, notamment pour les plastiques PET, qui sont donc utilisés pour les bouteilles mais également pour les films (revêtements, couvertures de survie, emballages,…), les fibres textiles, les cartes format « carte de crédits », les impressions 3D et même des prothèses cardio-vasculaires !
Cependant, l’application de cette nouvelle technique de recyclage n’a rien d’évident. Il reste en effet de nombreuses considérations à résoudre pour passer le stade de la seule démonstration de faisabilité réussie par ces chercheurs de l’université d’Édimbourg. La réaction initiale ne produit en effet qu’une quantité limitée de molécules PABA et donc de paracétamol par la suite, ce qui ne serait au final pas suffisant pour des applications industrielles à grande échelle.
Néanmoins, ce nouveau type de recyclage n’en est qu’à ses balbutiements et l’expérience reste prometteuse. Il est donc important d’approfondir cette méthode et potentiellement d’en trouver de nouvelles liant la biologie et les réactions chimiques artificielles. Qui sait, peut-être que l’immense problème du plastique et de son recyclage pourrait être finalement résolu par de « simples » bactéries ?
Référence de l’article :
Quand une bactérie change le plastique en paracétamol, France Info, 14/07/2025