Alors que les négociations indirectes entre Washington et Téhéran ont volé en éclats après les frappes israélo-américaines du 13 juin, les Européens tentent de reprendre la main. « Les E3 (France, Royaume-Uni, Allemagne) sont en contact avec l’Iran pour programmer de nouvelles discussions pour la semaine à venir », a indiqué dimanche une source diplomatique allemande à l’AFP, confirmant la relance d’un dialogue diplomatique autour du programme nucléaire iranien. Selon l’agence Tasnim, proche des conservateurs iraniens, Téhéran aurait donné son accord de principe.

Des consultations sont en cours pour déterminer la date et le lieu de ces échanges, alors que les Européens menacent d’activer le mécanisme dit de snap-back, prévu par l’accord de Vienne (JCPOA), afin de rétablir les sanctions onusiennes contre l’Iran. Lors d’un appel téléphonique tenu la semaine dernière avec Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, ses homologues français, allemand, britannique ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, ont exprimé leur impatience. « En l’absence de progrès concrets, nous activerons le mécanisme de retour des sanctions », ont-ils prévenu.

Des alertes sur l’enrichissement accéléré d’uranium par Téhéran

Ce dispositif, contenu dans l’accord signé en 2015 mais quitté en 2018 par les États-Unis sous Donald Trump, permet à l’une des parties de rétablir unilatéralement les sanctions internationales en cas de manquement grave aux engagements pris. Depuis l’été 2023, plusieurs rapports de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) alertent sur l’enrichissement accéléré d’uranium par Téhéran.

Le dialogue indirect entre l’Iran et les États-Unis, mené ces derniers mois via des médiateurs omanais, a été brutalement interrompu le 13 juin après le déclenchement d’une guerre-éclair entre Israël et l’Iran. « La décision du président Trump de participer aux frappes israéliennes contre les sites nucléaires a mis fin de facto aux négociations », rappelle une source diplomatique européenne.

Pour Berlin, « l’Iran ne doit jamais être autorisé à acquérir une arme nucléaire. C’est pourquoi l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni continuent de travailler intensivement au sein du format E3 pour trouver une solution diplomatique durable et vérifiable ».

Le président russe Vladimir Poutine a reçu de son côté au Kremlin Ali Larijani, proche conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, pour évoquer le dossier nucléaire, a déclaré son porte-parole dimanche. « Ali Larijani a transmis des évaluations de la situation qui s’aggrave au Moyen-Orient et autour du programme nucléaire iranien » a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Vladimir Poutine « a exprimé les positions bien connues de la Russie sur la manière de stabiliser la situation dans la région et sur le règlement politique du programme nucléaire iranien », a-t-il ajouté.